Serenade

Chronique

Six mois après son Dear God, voici déjà la deuxième sortie de MMPH sur le curieux label new-yorkais Tri Angle Records. Derrière cet alias cryptique se cache Sae Heum Han, Sud-Coréen installé à Boston, qui a suivi une formation de violoncelliste au fameux Berklee College of Music de la ville. Mais à 24 ans, Han a, comme tant d’autres, choisi de suivre sa propre route et s’est intéressé à la composition électronique. Sauf qu’on n’efface pas tant d’années de conservatoire d’un clic de souris. La formation classique de MMPH transpire sur ces cinq titres, qu’il décrit comme “une collection de suites wagnériennes déconstruites en miniature”.

Cette rencontre entre production électronique et arrangements classiques donne l’impression d’être face à un orchestre de robots grandiloquents, à l’instar du baroque morceau d’ouverture Minuet (dont les mouvements sont calqués sur ceux du menuet) ou des chœurs synthétiques joués comme une batterie sur Tragedy. Si Woodlawn et ses chops évoquent un peu les productions de Fakear, Petit Biscuit et consorts, MMPH retrouve sa singularité sur Elegy (une forme de poésie grecque faite d'envolées et de retombées), qui porte parfaitement son nom, avant de façonner un morceau de crépuscule romantique – et un poil épileptique – sur Serenade, avec une guitare acoustique et des cordes en mode épique. Un exercice de style parfaitement maîtrisé. © Smaël Bouaici/Qobuz