Sandmine EP

Chronique

(Hed)P.E fait partie de ces groupes aussi créatifs que maudits qui ont vu d’autres formations leur souffler la politesse et ne laisser traîner que quelques miettes d’une reconnaissance qui aurait dû être amplement plus méritée. Souvent, tout est question de timing (ou d’un simple coup de chance). Piochant aussi bien dans le rap et le metal que le reggae tout en développant un son punk-hardcore tendu et rageur, le combo s’est forgé une véritable identité et n’a jamais lâché l’affaire, en sortant pas moins de douze albums studio en 23 ans. Une ténacité qui force le respect pour cette formation née en pleine vague neo-metal mais souvent boudée au profit de groupes comme Limp Bizkit ou Linkin Park, plus accessibles et moins radicaux dans leur attitude comme leur discours.

Parce qu’il aura toujours du son à balancer avec le vumètre dans le rouge, le gang originaire de Huntington Beach a décidé d’adopter le format EP pour mieux concentrer sa puissance et aller à l’essentiel. Un choix judicieux au regard du contenu de cette petite bombe qui, en cinq morceaux, offre un véritable voyage à travers les styles. Entre un False Prophet hardcore qui ravira les fans de Biohazard et un Deathtrip aux contours plus punk, (Hed)P.E entretient son amour pour les rythmes jamaïcains à travers l’entame de son Let Me Know plus chaloupé et mélodique. Reste l’énorme chanson qui donne son titre à ce maxi. Sandmine pourrait être le rejeton de Refused (la guitare clean du couplet qui évoque New Noise) et Skindred (un refrain à la fois metal et à la limite du ragga). Ce titre est avant tout un superbe résumé du savoir-faire d’un groupe aussi puissant qu’inventif. On aimerait en entendre davantage. Qu’importe le format maxi. Un tel disque s’écoute plusieurs fois d’affilée en attendant de se plonger dans un véritable album. Une mise en bouche qui mérite une mise en boucle. © Chief Brody/Qobuz