Providence

Chronique

Avec ce 4e album, le long fleuve tranquille de Chevalrex, alias Remy Poncet, poursuit son cours dans l’univers de la pop sophistiquée francophone. Avec son large spectre orchestral, sa musique s’apparente à l’Amazone : outre une section rythmique, ainsi que moult synthés et guitares, Chevalrex s’octroie les services d’une formation de cordes, dont les nappes viennent subtilement caresser ses compositions (en particulier dans le slow à l’italienne Dis à ton mec). Un tel dispositif orchestral fait immanquablement penser, à l’occasion, au matriciel Histoire de Melody Nelson. D’autant que, tout comme chez le tandem Serge Gainsbourg/Jean-Claude Vannier, les compositions de l’orfèvre Chevalrex sont particulièrement ciselées (Ophélie suite). Et sur ce fleuve majestueux navigue une frêle pirogue à peine visible. Il s’agit de la voix fluette, presque effacée, du chanteur. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière l’élégance, la suavité et la discrétion de ce tableau parfois un peu trop lisse, les textes du Parisien d’origine drômoise soulèvent des sujets graves et mélancoliques, qu’il tire de sa propre vie. Dans Tant de fois, il est question de ses angoisses et de ses contradictions, tandis que La Tombe de Jim évoque le thème du deuil. Toutefois, malgré le pessimisme qu’il met en avant, Chevalrex exprime inlassablement son désir d’avancer, de se libérer, de se reconstruire. Le morceau final, Désirade (du nom de l’île guadeloupéenne où Rémy Poncet a écrit la plupart des textes), prouve que Chevalrex est probablement un faux mélancolique et qu’il est également épris de lumière, de soleil. ©Nicolas Magenham/Qobuz