Pollen

Chronique

Il aura fallu trois ans à Tim Bruzon, Carl Brown, James Walsh et Vidar Norheim pour revenir avec un second album. Ce délai de réflexion est compréhensible : comment, lorsqu’on a suscité autant d’enthousiasme, ne pas rater la marche suivante ? Cela valait bien quelques mois de mise en perspective, ponctués d’heureux événements personnels (mariages, naissances), de collaborations (avec notamment The Shoes) et source d’une maturité nouvelle pour Wave Machines, groupe masculin made in Liverpool.

La pop synthétique reste de mise, mais enrichie d’une profondeur qui n’existait pas sur Wave If You’re Really There (2009). Les textes, d’une part, sont plus sérieux voire engagés (les migrants chinois sur « Pollen », les faux-semblants médiatiques sur « Blood Will Roll », la nature à préserver sur « Gale »). Quant à la structure sonore, elle esquive le simple hédonisme tout en restant dans une dimension rythmée et mélodieuse, accessible. Le producteur Lexxx dont les talents ont été testés et approuvés par Bjork, Arcade Fire ou encore Goldfrapp, a su unifier l’ensemble sans perdre en route sa radicalité. Faisant partie du cahier des charges du groupe, la cohérence se devait en effet de répondre à l’appel...quitte à renoncer au chatoiement pétillant propre à Wave Machines.

Cérébral de bout en bout, Pollen est à la hauteur mais se laisse davantage désirer (mériter ?) que Wave If You’re Really There, laissant définitivement l’humour post-adolescent de côté. Des morceaux comme « Home » et son long récit electro-pop ou « Counting Birds », drôle de confession à la respiration saccadée, séduisent sans condition même s’ils surprendront l’auditeur à la première écoute. Groovy dans l’âme, « Ill Fit » ou « Unwound », en revanche, s’inscrivent dans la ligne des tubes haut perchés à la « Keep The Lights On », tant aimé sur le premier album. Sans omettre le plaisir, intact, de retrouver le chant très identifiable de Tim Bruzon, entouré de ces machines électroniques à qui le groupe confère une sensualité quasi organique...Enfin, le délicat « Sitting In A Chair, Blinking » clôt en beauté ce deuxième chapitre à l’originalité certaine et au charme indéniable...

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