Peace Town

Chronique

Jimmy LaFave, disparu prématurément en 2017, signe Peace Town, album posthume des plus fiévreux et sorte de sommet d’americana. Mais au-delà de la charge émotionnelle qu’il délivre, c’est aussi une superbe introduction à cette musique roots américaine chargée d’histoire. Prestations pleines d’honnêteté et d’intégrité, LaFave rend hommage à une myriade d’artistes, dont on préfèrerait parfois les reprises. Cet ensemble de deux CD s’ouvre sur la métamorphose absolue du titre de Pete Townshend, Let My Love Open the Door. Transposée sur une base plus acoustique, la chanson s’éloigne de la pop rebondissante eighties pour gagner en intensité et profondeur.

Dans ce répertoire country, folk, rock et blues, les références ne manquent pas et construisent un véritable château historique. Bien qu’il souhaitait enregistrer une centaine de chansons, cette parution sur le label Music Road Records en présente tout de même vingt. Admirateur absolue de Woody Guthrie, il rend hommage à l'icône folk de l’Oklahoma à travers ses compositions Salvation Train ou Sideline Woman. Artiste confirmé, LaFave joue aussi le rôle de passeur. Il entretient une culture qui l’a accompagné toute sa vie. De Leon Russell (Help Me Through the Day) à J.J. Cale (Do Not Go to Strangers), en passant par Sis Cunningham (My Oklahoma Home (It Blowed Away)), Chuck Berry (The Promised Land) et bien d’autres, c’est une déclaration d’amour ouverte qu’il rédige… Il reprend même le titre I May Be Used (But I Ain't Used Up) que chantait Waylon Jennings, preuve que ses chansons seront encore longtemps écoutées après sa mort. © Clara Bismuth/Qobuz