Peace Maker

Chronique

Aucun album de rap français n’a été aussi… Scruté. Pas attendu, mais observé. Après un ambitieux double album, qui se révéla un four, et un revirement politique inattendu (celui qui faisait des chansons sur les belles années Tonton Mitterrand devenant chantre de l’actuel président de la République) qui lui valu d’être mis au ban du microcosme, Gynéco s’était absenté.



En 2008 il revient, d’abord en héros du très médiatisé dernier livre de Christine Angot (qui raconte leur liaison), puis avec un cinq (ou sixième album, ça dépend comment on les compte) dont l’axe également médiatique est d’avoir été produit par un certain Mosey, qui dans le civil est le fils de Nicolas Sarkozy ! Largement de quoi parler de tout autre chose que de la réalité du travail artistique fourbi.



Pourtant, dès la première écoute, on réalise que Gyneco n’a sans doute jamais aussi bien rappé ! En perdant récemment 20 kilos, il semble avoir également échangé son non-flow lymphatique par un phrasé plus souple, plus nerveux, et nettement plus « à l’intérieur » de sa musique. Une musique par ailleurs également enlevée, laissant la nonchalance ragga de côté, le collectif Da Cream Chantilly, où officie donc pour un tiers le rejeton présidentiel, faisant montre d’une science consommée de la production hip-hop mordante, qui entraîne le rappeur déviant dans des territoires qui font bouger.



Surtout en début d’album, la seconde partie, à partir de « A nos héros », slow tempo dispensable, et du duo avec Johnny Hallyday, revisitant son « Je suis né dans la rue », ralentit le rythme, mais l’atmosphère est donc au retour aux fondamentaux hip-hop, que Gynéco n’a en fait jamais vraiment pratiqués, avec une constante de refrains chantés (Jimmy Cozier, chanteur de R&B américain sur « L’incompris », et nombre de chœurs féminins).



Si Peace Maker est agréable et musical, on y cherchera en vain la verve unique du Gynéco première manière. Il se conforte ici dans son rôle d’aîné, observateur un peu philosophe, gentil tonton donneur de leçons d’attitudes, et éternel amoureux en recherche de vie de couple. Sur Première Consultation, il y a douze ans déjà, il était impertinent, étonnant et drôle. Aujourd’hui, il écrit d’une plume fluide, mais s’économise sur les punch-lines, et finalement reste assez politiquement correct. Même « Céleste » (au beat néanmoins original), et supposé « répondre » à une saillie de Ségolène Royal, manque de mordant. Doc Gyneco a fait un album honnête. Mais pas retrouvé son meilleur niveau.





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