Out Of Myself

Chronique

Si les Polonais de Riverside ont évidemment eu bien du mal à surmonter la mort soudaine en 2016 de leur guitariste et principal compositeur Piotr Grudziński, terrassé par une crise cardiaque à seulement 40 ans, ils n'ont pas baissé les bras pour autant. Le label Inside Out réédite son back catalogue en commençant par ce fondateur Out of Myself, initialement paru fin 2003 en totale autoproduction. Une aubaine qui permet de rendre justice à un premier album bluffant de maturité. Riverside y développe déjà tous les ingrédients qui vont faire de lui l'un des espoirs les plus prometteurs de la scène progressive européenne. The Same River, qui ouvre le bal du haut de ses 12 minutes, met déjà tout le monde au parfum : longues plages atmosphériques, voix éthérées, mélodicité de tous les instants, ainsi qu'un niveau technique enviable qui, pourtant, se fond totalement à l'ensemble sans jamais sonner une seule fois comme une démonstration. C'est là une des grandes forces de Riverside : être au service de ses compositions et ne jamais faire passer l'esbroufe instrumentale au premier plan. Peu de groupes progressifs peuvent en dire autant.
Le nouvel artwork de l'album signé Travis Smith (responsable notamment de bon nombre de pochettes d'Opeth) traduit à merveille l'ambiance en clair-obscur qui baigne chacun des titres de ce très beau disque. Si le son d'origine de l'album pouvait paraître parfois faiblard, le remastering effectué par le maître Dan Swanö (Nightingale) sur cette réédition lui rend toutes ses lettres de noblesse. Chaudement recommandé aux fans d'Anathema, Pink Floyd, Marillion ou des travaux les plus mélodiques d'Opeth, Out of Myself séduira aussi le fan-club de Steven Wilson et de Porcupine Tree par la délicatesse de ses arrangements. Quiconque résistera à Loose Myself ou à In Two Minds, pour ne citer que ces titres, se doit de vérifier qu'il est bien muni d'un cœur. Une réhabilitation capitale pour ce combo injustement resté dans l'ombre de ses pairs, doublée d'un bel hommage au génie guitaristique de Grudziński. Superbe ! © Charlélie Arnaud/Qobuz