Où cette histoire nous mènera

Chronique

Certains disent qu’il pourrait être le fils caché de Lou Reed et Alain Souchon… Après un premier album publié par la plateforme La Souterraine (La Nuit au ralenti en 2015), Thomas Pradier poursuit son mariage réussi entre musique d’inspiration anglophone et paroles en français. On pense évidemment avant tout au Velvet Underground lorsqu’on écoute la guitare électrique et la batterie minimalistes de Sous les miroirs brisés, ou bien la voix réverbérée de Biarritz. Quant aux mélodies/ritournelles, elles sont certes imprégnées de celle créées à la Factory (avec ce côté « ballade rock, candide et mélancolique »), mais pas seulement : la coloration tropicale de Hudson River et Interlude en do majeur prouve que le multi-instrumentiste sait prendre des chemins différents. Celui qui est aussi musicien pour Laure Briard et Julien Barbagallo a conçu un album élégant, sincère et attachant, dans lequel sa voix fragile et sa poésie faussement simple font des merveilles. S’il ne fallait choisir qu’une chanson au sein de cet objet atypique, ce serait probablement Où cette histoire nous mènera, un petit bijou dans lequel l’artiste exprime ses doutes abyssaux sur des guitares tourbillonnantes, une batterie littéralement martelée, et un brusque changement rythmique qui symbolise toute la schizophrénie de son univers musical. ©Nicolas Magenham/Qobuz