Nielsen Violin: Concerto, Symphony No. 4

Chronique

C’est en Norvège, dans une petite cabane où Grieg travaillait à l’ombre de sa maison de campagne et où il fut invité par la femme du compositeur défunt, que Carl Nielsen composa la première partie de son Concerto pour violon en 1911. Construit en deux mouvements, c’est une oeuvre puissante et très personnelle dans laquelle les états d’âme passent du calme éthéré à la joie débridée, en traversant des allures martiales dans lesquelles le violon prend sans cesse des chemins de traverses.
Salué dans son pays comme « le Jascha Heifetz de notre temps », le violoniste canadien James Ehnes a remporté une dizaine de prix prestigieux en Amérique du Nord grâce à son jeu mêlant virtuosité et expression. Sa curiosité nous vaut de belles découvertes d’œuvres de Britten, Dallapiccola, Dohnányi, Kernis ou Howard. Sa version du très difficile, et parfois ingrat, Concerto pour violon de Nielsen est particulièrement euphorique.
La Symphonie N° 4 « L’Inextinguible » qui figure sur cet album fut composée en pleine Première Guerre mondiale alors qu’elle semait partout la mort en épargnant le Danemark. Elle représente l’expression d’un artiste pour lequel la musique répond à une grande volonté de vivre malgré les circonstances. C’est une oeuvre grandiose et violente décrivant les conflits du monde en même temps que ceux d’un compositeur à la conquête du langage de sa pleine maturité. Il faudra cependant attendre les années 1950 pour que cette musique soit enfin comprise sur le plan international, ainsi que le prouvent aujourd’hui les nombreux nouveaux enregistrements des symphonies de Nielsen. A la tête de l’excellent Orchestre Philharmonique de Bergen, Edward Gardner nous livre une vision très aboutie de ce chef-d’œuvre où combattent les forces du bien et le mal, à travers dissonance et consonance. Le chef anglais a le sens de la construction comme celui du tragique à parts égales. Sous cette baguette ardente, la Symphonie N° 4 de Nielsen possède vraiment une flamme et un espoir inextinguibles. ©François Hudry/Qobuz