Fill the Blank with Your Own Emptiness

Chronique

Derrière le nom de scène Le Prince Miiaou se révèle Maud-Elisa Mandeau, multi-instrumentiste hors pair dont les talents de guitariste ont déjà été utilisés par le duo John & Jehn. La voici de retour avec un troisième album studio se présentant comme celui de la consécration. Après Safety First, où elle était aussi brune que lunaire, Fill the Blank With Your Own Emptiness la découvre blonde et indéniablement solaire.

Fill the Blank with your Own Emptiness propose treize morceaux, dont l’un en français, « J’ai deux yeux » – très réussi. Une fois n’est pas coutume dans le paysage contemporain hexagonal. Si le disque se situe clairement dans un rock’n’roll électrique et volontiers sulfureux, il ne se refuse pas des immersions plus pop (« Down in the Well »), folk (« We Both Wait ») ou expérimentales (« Easy Target »). Et la réverb' n’a manifestement plus aucun secret pour elle. L’ensemble est faussement décousu, offrant de grands moments mélodiques. Si « Fill the Blank With Your Own Emptiness », découpé en deux parties, ne s’avère finalement pas le morceau le plus fort de l’album, des pépites comme « Be Silent », « Turn Me Off » ou « A Story of Devotion » ne laissent aucun doute sur la poigne d’une chanteuse qui regarde bien au delà de la campagne française dont elle ne veut pourtant pas s’éloigner.

Le Prince Miiaou chante, crie, murmure, ressasse, regrette, appelle, prend à partie...bref, habite entièrement ce disque fiévreux, de la catégorie de ceux qu’on dit habités. Se plaçant tantôt sous l’égide de Courtney Love, tantôt sous l’influence de PJ Harvey, la musicienne française a en commun avec elles une passion pour le son, qu’elle manipule avec dextérité. Doublée d’une volonté de fer, puisqu’elle assure farouchement seule la production de chacune de ses chansons, leur apportant des textures éclectiques et fouillées.

Contrairement à ce que son titre pourrait affirmer, Fill the Blank With Your Own Emptiness est riche, peuplé de fantômes, porté par l’aura singulière de ce Prince Miiaou, effectivement aussi imprévisible qu’un chat – sauvage, comme de bien entendu.

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