en Hollande

Chronique

Cet album enregistré en 1984 n’a pas pris une ride. Trente-cinq ans après avoir été enregistré à Vuren, village du centre des Pays-Bas, il délivre ses caressantes vibrations musicales avec une intensité intacte. Sourakata Koite, musicien griot traditionnel, originaire de Gambie et résident sénégalais avant de débarquer en France à l’aube des années 80, possède dans les doigts et au fond de la gorge les clés d’un langage éternel. Les arpèges cristallins de sa kora et ses chants ancestraux, parfois soutenus par un tambour (Dioula), agissent comme des formules magiques aussi efficaces il y a des siècles que performantes demain. Le seul indice un peu temporel de cet album réside en la durée de ce flux sonore bénéfique qui reproduit le temps imparti à deux faces de 33 tours ou de K7, soit 35 minutes et douze secondes de félicité mandingue, héritée de la richesse musicale qui s’est établie en Afrique de l’Ouest entre le XIIIe et le XVIe siècle. Il est toutefois curieux que ce musicien dont le jeu rivalise sans peine avec les virtuoses de son instrument n’ait pas réussi à se faire un prénom. Espérons que cette réédition judicieuse lui rende justice. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz