El Viaje

Chronique

Intituler son album le Voyage est sans doute la plus belle des invitations. C’est ce que fait Harold López-Nussa en trio avec son jeune frère Adrián Ruy López-Nussa à la batterie et aux percussions et le Sénégalais Alune Wade à la basse et au chant. Un trio qui s’étoffe sur certains titres avec des invités, dont le père du pianiste de La Havane, Francisco Ruy López-Nussa à la batterie, Mayquel González à la trompette et au bugle et Dreiser Durruthy et Adel González aux percussions. López-Nussa est on ne peut plus clair avec cette idée de voyage : « Depuis tout petit, quand j’ai commencé à étudier le piano, la musique, c’est ce que j’ai essayé de faire : rechercher ce voyage de l’esprit, grâce à la musique. Je me souviens que j’ai commencé à jouer El Viaje en tournée afin de me sentir plus proche de la maison. De même, quand je suis chez moi, c’est un moyen pour mon esprit de voyager. » L’enregistrement de cet album s’est donc fait à la Havane. Cette ville, ses sons et ses habitants sont un point de départ. Et de retour. « J’ai toujours aimé l’idée de me projeter dans le monde à partir d’ici… Les liens personnels sont très forts pour moi. Et j’en ai beaucoup avec ce pays. Je veux que ce soit mon lieu de création — même si je peux avoir ces grandes expériences de voyage. Le domaine du privé est essentiel dans mon processus de création. Pouvoir sortir dans le quartier où j’ai grandi, un endroit que je connais si bien, marcher sur le Malecón, assis au bord de la mer. C’est là où je veux être. » Artistiquement, cette relation unique avec ce lieu accouche d’une œuvre d’une rare sincérité. Ici, Harold López-Nussa offre un jeu plus épuré que sur ses précédents enregistrements. Un jeu centré sur la narration. Comme un voyage… intérieur ? © CM/Qobuz