Dubois, d'Indy & Caplet: Chamber Works

Chronique

Le Polyphonia Ensemble Berlin fait vœu de singularité dans ce nouvel album consacré à la musique française du début du XXe siècle. Car en lieu et place des Debussy, Ravel et autre Saint-Saëns qu’on serait en droit d’attendre pour un tel programme, ce sont les œuvres de Théodore Dubois, Vincent d’Indy et André Caplet qui viennent cueillir l’auditeur. Un excellent choix que l’on applaudit des deux mains : on n’encourage jamais assez les artistes et les labels à enregistrer les œuvres de compositeurs plus confidentiels. Cerise sur le gâteau : les interprétations du Polyphonia Ensemble Berlin témoignent d’une fascinante et impeccable compréhension de l’esprit et de l’esthétique convoqués par les compositions françaises de l’époque.

Ici, on retrouve l’élégance et le raffinement caractéristique des œuvres de cette période. En ouverture de l’album, le Dixtuor de Dubois, dont la singularité de l’instrumentarium mettant les vents au premier plan charme immédiatement l’oreille, offre un panel de textures variées, dans des mouvements tour à tour rêveurs et animés. Le diptyque Chansons et danses de Vincent d’Indy est le fruit d’une commande passée au compositeur par Paul Taffanel, président fondateur de la Société de musique de chambre pour instruments à vent. Le septuor à cordes s’y déploie somptueusement en deux mouvements diamétralement opposés : le premier se rattache à une forme plus traditionnelle de sonate quand le second puise énergiquement dans les danses espagnoles découvertes par D’Indy au cours d’un récent voyage en Catalogne.

Les Suites persanes d’André Caplet témoignent de l’orientalisme prédominant dans les arts à cette époque coloniale – l’œuvre fut composée en 1900, année de la grande Exposition universelle de Paris. Il s’agit de mélodies iraniennes trouvées dans une collection ethnomusicologique, que le compositeur a partiellement réadaptées dans le système tonal. On y trouve la préfiguration de certains éléments harmoniques modernistes repris plus tard par Milhaud ou Messiaen. © Pierre Lamy/Qobuz