Cannabich: Electra

Chronique

Ce Cannabich a de quoi nous faire tourner la tête avec sa plongée dans la terrible famille des Atrides, sous la forme du mélodrame, qui mêle alors la musique à un texte déclamé. Ce genre, souvent traité d’hybride et plus ou moins inspiré du drame antique grec, se nourrit en fait de sa position médiane entre le théâtre et l’opéra.

Inventé par Jean-Jacques Rousseau et son ami Horace Coignet, marchand-brodeur et musicien amateur lyonnais, avec Pygmalion créé à Lyon en 1770, le mélodrame allait se répandre dans toute l’Europe, notamment avec Georg Anton Benda qui allait en devenir un des meilleurs représentants. On raconte que Mozart, très impressionné, ne se séparait jamais des partitions d’Ariadne auf Naxos et de Medea qui lui servirent de modèle pour Thamos, roi d’Egypte et Zaïde. Beethoven s’en souviendra aussi pour la musique de scène d’Egmont, qui se termine par un long mélodrame.

C’est Frieder Bernius encore une fois qui exhume ici cette Electra de Christian Cannabich, composé en 1781. Excellent Kappellmeister, auteur en vogue de symphonies, de ballet et de musique de chambre, ce compositeur de l’École de Mannheim écrit une musique descriptive épousant les moindres intentions du livret à travers cinq scènes reflétant les divers moments de l’histoire : suggestion des climats, imitation des bruits de la nature en utilisant tout l’arsenal expressif habituel avec des rythmes syncopés, des chromatismes expressifs et de grands contrastes dynamiques. © François Hudry/Qobuz