††† (Crosses)

Chronique

Il est légitime de se demander, à l'écoute de Crosses, si Chino Moreno ne possède pas un sens de l'humour insoupçonné. Ou s'il n'est pas un fan caché de synth pop derrière ses habituels hurlements de vilain rocker. Une sorte de Dave Gahan inversé en quelque sorte. En tout cas, il vient d'offrir à ses fans un cadeau dont ils se souviendront avec ce premier album de Crosses. Ceux, moins nombreux, de son comparse Shaun Lopez pourront se dire la même chose.

Là où il fallait attendre du projet des deux hommes un style electro rock belliqueux, on a droit à quelque chose de relativement doux. Disons qu'au lieu de Prodigy, il s'agirait plutôt de Nine Inch Nails. La cause ne tient pas qu'aux compositions puisqu'il est surprenant de découvrir la voix de Chino Moreno plus naturelle, moins noyée sous les effets que chez Deftones, lui rendant de son pouvoir agressif.

Ces éléments combinés donnent lieu à un disque d'electro rock tout à fait agréable avec sa multiplication de climats. Crosses n'hésite pas à s'approcher des mélodies brumeuses de l'ambient avec « Trophy ». Il donne aussi sa vision de l'electro pop sur « Telepathy », que l'on se surprend à chantonner. Certains pousseront un « ouf » de soulagement à l'écoute de « Blk Stallion », haussant un peu le ton pour retrouver un rock plus abrasif.

De Crosses, il faut surtout retenir les ambiances de morceaux comme « Death Bell », « Nineteen Ninety Four » ou « Bermuda Locket » sur tempos moyens, s'engloutissant volontiers dans une sorte de mélancolie un peu apathique. Chino Moreno, Shaun Lopez et le producteur Chuck Doom ont réussi à donner une indéniable identité à Crosses. Qu'elle soit surprenante ne la rend que meilleure.

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