La 20e édition, du 19 juillet au 4 août.

C?est au Pays des Mille Etangs, situés aux confins nord de la Haute-Saône, qu'est né en 1994 le festival Musique et Mémoire. Evénement désormais incontournable de la scène baroque, le festival a su sans renoncement, s?affranchir de ses propres limites esthétiques pour se forger une identité artistique originale où les répertoires d'hier et d'aujourd'hui s'entrecroisent. « Je veux transmettre et faire partager l'esprit d'un festival laboratoire. » nous annonce Fabrice Creux, le directeur artistique du Festival. Au regard de la programmation de cette 20e édition, le pari semble une nouvelle fois gagné.

"LA VINGTIÈME" SOUS LE SIGNE DU RISQUE ET DE L'AUDACE

Le festival accueille en ouverture l'ensemble vocal Ludus Modalis, spécialisé dans la polyphonie a capella et dirigé de l'intérieur par Bruno Boterf. Leur projet, baptisé "Re-naissance, une quête de lumière", se décline en plusieurs concerts.

Premier acte le 19 juillet en l'église Saint-Martin de Lure : "Un requiem allemand" ouvre ses portes à des compositeurs ayant mis leur maîtrise polyphonique au service de la foi luthérienne, de l'évocation de la mort et de l'au delà. Deuxième acte le 20 juillet sur la thématique des "Rîmes françaises et italiennes", où il sera question de vocalité avec des ?uvres de Claude Le Jeune, Guillaume Costeley, Jan Pierterszoon Swelinck et Luca Marenzio. Autre temps fort avec, ce même 20 juillet, une création (commande du festival) de Freddy Eichelberger sur un Lautenwerk de David Boinnard. Dimanche 21 juillet sera la dernière apparition de Ludus Modalis, en compagnie de l'organiste Jean-Charles Ablitzer, pour une Messe à l'usage ordinaire des Paroisses.

Ludus Modalis ? © Rebeccas Young

L'Ensemble Correspondances, associé de Festival et guidé par Sébastien Daucé, aborde la "Rhétorique du grand siècle". Bossuet, La Fontaine, Sévigné, Bourdaloue, La Bruyère, sont autant de hérauts d'un XVIIe siècle où l'art de parler, de démontrer, de convaincre, de séduire se place au centre de la création et de la pensée. La musique du Grand Siècle s'inscrit également dans cette esthétique, de la séduction des airs de cour à l'édification portée par les psaumes de la Chapelle royale.

Première étape le 26 juillet en l'église Saint-Jean-Baptiste de Corravillers autour des "Motets pour Gaston d'Orléans" d'Etienne Moulinié (1599-1676). Le samedi 27 juillet sera l'occasion de célébrer la victoire de Milan, autour des histoires sacrées, messe et Te Deum de Marc-Antoine Charpentier. Enfin, rendez-vous est pris le 28 juillet en la basilique Saint-Pierre de Luxeuil-les-Bains pour un cycle "Divertissement pour Anne d'Autriche et Mazarin", donnant à entendre des pièces de Jean de Combefort, Michal Lambert et Luigi Rossi.

Ensemble Correspondances ? © Philippe Fournier

Kritz, commande du festival 2005, est repris le jeudi 1er août. Incluse dans une tradition, celle du répertoire traditionnel de la basse de viole, Kritz est une suite de 5 pièces caractérisées culturellement. Si le XXe siècle est celui de la reconnaissance légitime des différentes cultures de la planète, il est probable que le XXIe siècle sera celui des confrontations (nobles ou malignes, amoureuses ou offensives). Pour la reprise de cette ?uvre, 5 créations plastiques dialoguent avec les 5 pièces de la suite donné par François Rossé et Sylvie Moquet.

Sylvie Moquet ? © Nicolas Maget

Le vendredi 2 août, en l'église luthérienne d'Héricourt, vous retrouverez la musique galante et extravagante des fils de JS Bach par Chiara Banchini (violon baroque) et Jörg Andreas Bötticher (clavecin). Si l'on pense que tous les fils de JS Bach ont grandi dans l'univers sonore de leur père, exigeant et sévère, il est fascinant de voir à quel point leur démarche musicale s'en affranchit et comment chacun développe un style propre en fonction de sa personnalité.

Chiara Banchini et Jörg Andreas Bötticher ? © Nicolas Maget

Le lendemain, samedi 3 août, Blandine Verlet (16 h) puis le Conerto Soave (21 h) vous emmèneront chez François Couperin pour l'une, et du côté de la Rome de 1700 pour les autres.

"Dalla Terra Al Cielo" - Concerto Soave

Dans les oratorios romains, il était de tradition de livrer une mise en musique des grandes thématiques de l'Ancien et du Nouveau Testaments. Un des ces thèmes était la vie après la mort, la résurrection et l'ascension au Ciel. « De la Terre au Ciel... », ce programme illustre par des ?uvres profanes et sacrées cette préoccupation typiquement romaine. Les deux compositeurs (Scarlatti et Haendel) ont mis tout leur génie, immense, dans ces ?uvres que María Cristina Kiehr irradie de son timbre incarné et céleste.

Concerto Soave ? © Nicolas Maget

Pour ultime concert, dimanche 4 août, l'ensemble Musica Perduta et Renato Criscuolo vous propose un passionnant voyage : "Intorno all'Oratorio di San Filippo Neri".

Ce programme est consacré à San Filippo Neri (Florence, 1515 - Rome, 1595), figure majeure de la Contre-Réforme, qui joua un grand rôle dans l'histoire de la musique. Il vécut dans une période de profond renouvellement de l'Église catholique, marqué par le Concile de Trente, dont l'objectif était d'endiguer l'hérésie luthérienne, en utilisant, en particulier, les "armes" de l'art et de la musique.

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