Pour son 2e album aux allures d'auto-portrait, la soprano égyptienne enflamme des pièces aussi bien signées Jules Massenet, Carlos Gardel et Jacques Offenbach qu'Astor Piazzolla, Charles Gounod, Kurt Weill et Serge Gainsbourg !

Les vingt titres qui composent Kaléidoscope qui vient de sortir chez Warner Classics apparaissent comme autant de facettes de la riche personnalité de Fatma Saïd. La grande soprano égyptienne, dont le premier album El Nour nous avait séduits en 2020 au point de lui décerner un Qobuzissime, endosse avec un bonheur égal des personnalités vocales multiples, de son timbre toujours en rondeur veloutée.

Kaleidoscope by Fatma Said – music inspired by dance, from tango to opera

Warner Classics

Sur ce deuxième album de Fatma Saïd, on croise aussi bien Offenbach, Massenet, Weill que Gardel dans un voyage aux paysages variés. Dans le livret, on suivra avec la plus grande attention les explications de la chanteuse quant aux choix des morceaux sélectionnés. “ Depuis ma plus tendre enfance, la danse m’accompagne partout dans ma vie, et j’ai appris plusieurs styles différents. (...) En recherchant du répertoire potentiel pour cet album, j’ai été séduite par les chants de différents pays et de différents peuples, tous marqués par de puissants éléments de danse – parfois dans leurs paroles et invariablement dans leur musique. Difficile d’imaginer la musique sans la danse ou la danse sans la musique. Ainsi, en ce qui me concerne, toutes deux sont indissociables.

Fatma Said sings Yo Soy María (Piazzolla: María de Buenos Aires)

Warner Classics

De fait, un sentiment de légèreté aérienne surplombe chacune des pistes, au détour desquelles Fatma Saïd nous entraîne dans son total lâcher prise. Il est plus que réjouissant de la voir évoluer dans les registres d’opérette, particulièrement dans ce Boléro tiré de La Fiancée en Loterie de Massenet, aux délicieuses couleurs hispaniques. Kaléidoscope documente remarquablement bien le métier de chanteuse, et la dimension d’acting qui va avec, la voix de Saïd s’adaptant parfaitement à chaque humeur et chaque style : langoureuse dans la Barcarolle des Contes d’Hoffmann, exaltée dans I Could Have Danced All Night (inoubliable titre issu du film My Fair Lady, tout aussi inoubliable), mystérieuse et retenue dans Youkali. Elle nous sidère encore en empruntant des chemins de traverse jazz pour Cheek to Cheek.

Fatma Said, Marianne Crebassa – Offenbach: Barcarolle: Belle nuit ô nuit d’amour (Contes d'Hoffmann)

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Loin de sombrer dans l’effet “catalogue” ce Kaléidoscope est un très beau portrait de cantatrice. Et quelle cantatrice !

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