Pied au plancher, trois mois après la sortie de l’excentrique et crépusculaire Fear Of The Dawn, Jack White revient déjà avec Entering Heaven Alive, second volet nettement plus acoustique. Dès la pochette en noir et blanc où une tisseuse d'antan est à l’ouvrage, on comprend que l’ancien tapissier se recentre dans sa zone de confort, celle du vintage, plus artisanal, tressé dans une économie instrumentale, experte et méticuleuse, et puisant dans ses racines blues et classic rock, mais pas que. C’est lorsqu’il est en parfaite maîtrise de son sujet comme ici, qu’on préfère Jack. Même si, bien-sûr, les expérimentations plus libres de Boarding House Reach (2018), en étalant un génie en pleine émulation, défrichant des terres rock encore vierges et de facto pas facile d’accès au tout-venant, épatent tout autant.
Jack White – If I Die Tomorrow (Official Video)
Jack WhitePiochant dans l'âge d'or des seventies, le classic rock de Led Zeppelin avec un semblant du pont de Stairway To Heaven sur A Tip From You To Me, la folk psyché d’Help Me Along gorgé de tambourin et de violons, ou la pop cinétique au marimba et mellotron de Queen of the Bees, Jack White dessine des mélodies antiques, diverses et toujours douces, au décorum bien pensé et à l’enregistrement intimiste. Quelques incartades rythment le tout : le bluesy Please God, Don’t Tell Anyone ou, à l'opposé, les riffs de l’étrange mix jazz/rock d’I’ve Got You Surrounded (With My Love).
Jack White – Love Is Selfish (Official Video)
Jack WhiteEn point d’orgue, on retiendra la sublime cover folk Taking Me Back (Gently), clôture en apothéose emplie de violon et de glissando de piano où White se meut en crooner de vieilles tavernes, et qui s’achève sur le début de Taking Me Back, son original électrique ouvrant Fear Of The Dawn. Un parfait passage de témoin entre les deux opus. Du paradis à l’enfer et vice-versa, en somme.
