Difficile d’imaginer meilleure distribution que les deux sublimes voix de la mezzo-soprano Lea Desandre et du contre-ténor Iestyn Davies qui magnifient comme personne l'ambitieux programme Haendel de leur album Eternal Heaven qui vient de paraître chez Erato. Piochant dans les plus belles pages anglaises du compositeur (Theodora, Hercules, Solomon, Semele) les deux chanteurs nous emmènent vers un ailleurs rarement exploré, une dimension invisible à la seule perception humaine.
Lea Desandre sings Handel: The Triumph of Time and Truth, HWV 71: "Guardian Angels, Oh, Protect me"
Warner ClassicsLes quelques mots de Shakespeare cités fort à propos en épigraphe du livret de cet Eternal Heaven résument parfaitement bien l’émotion qui étreint l’auditeur à l’écoute de ce disque somptueux : “Et quand l'amour parle, les voix de tous les dieux bercent le ciel d'un harmonieux écho”. Cet “harmonieux écho” surgit au détour d’un ornement, d’une vocalise, d’un sursaut de l’orchestre - splendide ensemble Jupiter mené d’une main de maître par Thomas Dunford. Ici l’on visite les profondeurs les plus riches de la musique baroques, celles du temps long, où le théorbe égraine ses arpèges avec une langueur infinie et où la viole se fait quasi mystique. Une force de vie inouïe émerge de l’ensemble et l’on se dit dit que rarement Handel n’a résonné avec autant d’actualité.
