Gal Costa est morte

C’est une véritable icône brésilienne, féministe et ambassadrice de la libération sexuelle, qui s’est éclipsée le 9 novembre 2022 à São Paulo. Une forte personnalité atypique devenue star. Aux côtés des incontournables Caetano Veloso, Gilberto Gil, Tom Zé et du groupe Os Mutantes, Gal Costa fut une pièce essentielle du grand puzzle de la révolution tropicaliste, l’une des aventures musicales les plus originales du XXe siècle. À la fin des années 60, une bande de jeunes artistes brésiliens s’insurge contre la junte militaire au pouvoir en fusionnant musique populaire locale, rock et avant-garde.

Le nom de Gal Costa brille alors sur Tropicália: ou Panis et Circencis, la compilation-manifeste du tropicalisme, qui fait suite au chef d’œuvre vaporeux qu’elle avait précédemment enregistré en 1967 en duo avec Veloso, Domingo. Le tropicalisme synthétisa divers courants sonores et lança l'idée d'une musique universelle. Les tropicalistes contestaient le nationalisme et la musique populaire brésilienne de l'époque et adaptent psychédélisme et pensée hippie à la réalité brésilienne. Mais avant cette tempête, Domingo est une douce carresse hors du temps...

Gal Costa barrera ensuite à 180° pour accoucher d’un deuxième opus, Gal, baignant dans les cordes et l’exotisme mais surtout, en 1969, d’un album éponyme très avant-gardiste, Gal Costa, où le psychédélisme se fait tantôt étrange et rêveur (Saudosismo), tantôt plus chahuteur (Namorinho de Portão, Sebastiana). Une musique qui slalome entre violons, orgue et guitare fuzz avec évidemment Gilberto Gil et Caetano Veloso sur certains titres et l’incontournable Rogério Duprat aux arrangements. Telle une Janis Joplin sud-américaine, la chanteuse née à Salvador de Bahia en 1945 conjugue à sa façon ce carambolage esthétique qu’elle habille de sa voix reconnaissable entre mille. Durant l’exil londonien forcé de ses deux amis Gilberto et Caetano, Gal Costa portera les couleurs du tropicalisme en chantant certains de leurs textes.

Par la suite, cette féministe militante, reine de la MPB (Musique Populaire Brésilienne), embarque cette voix sur tous les sentiers possibles : samba, rock, soul, funk, disco et interprète même des génériques de telenovelas. Dans sa riche discographie brilleront notamment Índia (1973), Profana (1984) ou bien encore le live Fa-Tal / Gal a Todo Vapor (1971). Gal Costa était encore très active à la scène comme au disque, publiant en 2021 l’album Nenhuma Dor avec des duos avec Seu Jorge, Tim Bernardes, Rodrigo Amarante, Silva, Criolo, Antonio Zambujo, Zé Ibarra, Rubel, Jorge Drexler et Zeca Veloso, fils de Caetano…

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