Finalement, oser intituler son nouvel album Body and Soul et l’ouvrir par une relecture de ce thème plaqué or relève un peu de l’épreuve du feu… Car même si « le standard » est une des composantes majeures de l’histoire du jazz, on peut potentiellement lever les yeux au ciel au moment de se dire que l’on va écouter la 748.689e version du chef d’œuvre composé par Johnny Green en 1930.
Sauf que Baptiste Trotignon est une telle épée que sa proposition, comme les neuf autres thèmes qui suivent, offre 52 minutes de pure grâce pianistique. Seul face à son instrument, Trotignon qui a copieusement œuvré ces dernières années dans le domaine de la composition classique et contemporaine, revient ici aux racines de son art. Du 100% jazz assumé, revendiqué, sans colorant ni édulcorant, qui font de ce disque qui paraît sur le label Paradis Improvisé, un périple multicolore savoureux et tout au long duquel son jeu est simplement éblouissant. Aucune réinvention de la roue ici – ça n’est pas vraiment le but du jeu – mais plus sobrement, presque sensuellement, l’envie de nager dans une mer infinie d’improvisation. Et que cela virevolte (Passport) ou que cela caresse (You Go To My Head), chaque seconde est essentielle.
Baptiste Trotignon - Body and Soul - Paradis Improvisé
Paradis ImproviséQobuz a rencontré Baptiste Trotignon à deux reprises. En 2015 à l'occasion de la sortie de l'enregistrement de son concerto pour piano dont il avait confié l'interprétation à son ami pianiste classique aujourd'hui disparu, Nicholas Angelich. Et trois ans plus tôt, en 2021, Trotignon se confiait cette fois au moment de la sortie du bien nommé Song Song Song, sur lequel il conviait, en vrac, Melody Gardot, Miossec, Mônica Passos, Jeanne Added mais aussi Barbara, Gainsbourg, Brel, Nougaro et un certain Franz Schubert… Double séance de rattrapage :
