L’Orchestre Symphonique de Chicago et son nouveau chef, Riccardo Muti, se promèneront en Europe à la rentrée avec une escale parisienne à Pleyel.

A compter du mois d’août, Riccardo Muti et l'Orchestre Symphonique de Chicago effectueront une tournée en Autriche, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne et en France. Une première pour la phalange américaine depuis que le maestro transalpin en a pris les rênes en septembre 2010.

L'Orchestre Symphonique de Chicago se produira à dix reprises, alternant plusieurs programmes, dont la création de Danza Petrificada du compositeur anglo-américain Bernard Rands, qui s'est inspiré des mélodies et des rythmes traditionnels mexicains. Cette œuvre sera présentée avec Mort et Transfiguration de Richard Strauss et avec la Symphonie n°5 de Chostakovitch. Trois pièces qui seront au programme du concert parisien, Salle Pleyel, le vendredi 2 septembre à 20h. L'orchestre interprétera aussi lors de cette tournée des symphonies d'Hindemith et la suite de Roméo et Juliette de Prokofiev.

Le premier concert est prévu au festival de Salzbourg le 26 août, avant Lucerne le 28 et Luxembourg le 30. Riccardo Muti et ses musiciens se produiront donc à Pleyel le 2 septembre, avant d'achever leur tournée au Semperoper de Dresde puis au Musikverein de Vienne.

C’est un Strauss 25 ans seulement qui rédige le poème symphonique Mort et Transfiguration, décrivant les dernières heures d’un artiste. Ces épisodes d’une agonie, entrecoupés de souvenirs heureux, « commencent en ut mineur pour s’achever en ut majeur » pour mieux traduire l’entrée dans le monde céleste. Ici, la tension et le climat wagnérien façon Tristan et Isolde construisent une page somptueuse, annonçant l’expressionnisme musical.

Chostakovitch témoigne d’autres tourments dans sa Symphonie n°5, sous-titrée « réponse d’un artiste soviétique à une juste critique ». Réplique à Staline ? Plus encore : entre mélopées insouciantes, interrogations et explosions, l’œuvre déborde d’une émotion qui tira des larmes aux premiers auditeurs, tragédie sans issue propulsée par un violent désir de faire réfléchir…

Riccardo Muti est né à Naples le 28 juillet 1941. Il étudie d’abord le piano au Conservatoire San Pietro a Majella avec Vincenzo Vitale, poursuivant son apprentissage musical au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan (composition et direction d’orchestre) auprès de Bruno Bettinelli et Antonino Votto. En 1967, il remporte le premier prix du prestigieux concours de direction d’orchestre Guido Cantelli. L’année suivante, il est nommé chef principal du Mai musical florentin, poste qu’il conservera jusqu’en 1980.

Dès 1971, Riccardo Muti est invité par Herbert von Karajan au Festival de Salzbourg, avec lequel il poursuivra une étroite collaboration artistique jusqu’en 2001. De 1972 à 1982, il succède à Otto Klemperer à la tête du Philharmonia Orchestra et, de 1980 à 1992, il occupe le poste de directeur musical du Philadelphia Orchestra. De 1986 à 2005, il est directeur musical de la Scala de Milan. Sous son administration, nombre d’importants projets verront le jour, tels la trilogie Mozart-Da Ponte ou la Tétralogie de Wagner.

A côté des grands classiques du répertoire, Riccardo Muti remet au goût du jour des ouvrages moins connus ou tombés dans l’oubli, parmi lesquels des pièces de l’école napolitaine du XIIIe siècle, des opéras de Gluck, Cherubini, Spontini, Poulenc… Sa direction atteint son point culminant avec l’inauguration le 7 décembre 2004 des nouvelles installations de la Scala, après plus de trente mois de travaux, avec l’opéra de Salieri Europa riconosciuta, composé spécialement pour la soirée d’ouverture du théâtre en 1778.

Riccardo Muti a dirigé les plus grandes formations symphoniques du monde : Philharmonique de Berlin, Bayerischer Rundfunk, Philharmonique de New York, Orchestre national de France, Philarmonique de Vienne, orchestre auquel le lie tout particulièrement une longue collaboration et qu’il a dirigé pour la célébration de son 150e anniversaire.

En décembre 2003, il a dirigé la soirée de réouverture de la Fenice de Venise. En 2004, il fonde l’Orchestra Giovanile Luigi Cherubini, composé de jeunes instrumentistes sélectionnés par un comité international parmi 600 candidats venus de toute l’Italie. Avec son orchestre, Muti poursuit un projet quinquennal dédié à l’école napolitaine du XVIIIe siècle, initié en mai 2007 au Festival de Pentecôte de Salzbourg avec Il Ritorno di Don Calandrino de Cimarosa, suivi en 2008 par Il Matrimonio inaspettato de Giovanni Paisiello.

Son abondante discographie, qui couvre le répertoire classique symphonique et lyrique et les œuvres contemporaines du XXe siècle, a reçu de nombreuses distinctions de la critique internationale. En tant qu’artiste, Riccardo Muti se sent investi d’une responsabilité sociale et civique et s'est associé au projet Le Vie dell'Amicizia dans le cadre du Festival de Ravenne, dirigeant des concerts dans des endroits symboliques de notre histoire passée et contemporaine (Sarajevo, Beyrouth, Jérusalem, Moscou, Erevan, Istanbul, New York, Le Caire, Damas, El Diem en Tunisie, Meknès), avec les Chœurs et l’Orchestre de La Scala de Milan, les Chœurs et l’Orchestre du Mai musical florentin et le Musiciens de l’Europe Unie, ensemble composé des meilleurs instrumentistes des plus grands orchestre européens.

D’innombrables distinctions jalonnent la carrière de Muti : il a été fait Chevalier de la Grande Croix de la république italienne, Chevalier de l’Empire britannique par la Reine Elizabeth, Membre Honoraire de la Hofmusikkapelle de Vienne et du Staatsoper de Vienne et il a reçu la Médaille d’or de la Ville de Milan, la Verdienstkreuz de la République allemande, la Légion d’honneur en France, la Médaille d’Argent du Mozarteum de Salzbourg pour sa contribution à la musique de Mozart, le Prix Wolf pour les arts de l’Etat d’Israël… A la rentrée 2010, il a donc été nommé directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Chicago, succédant ainsi à Bernard Haitink.

Le site de Riccardo Muti

Le site de la Salle Pleyel