A la tête du département classique de Mercury dans les années 50 et 60, la célèbre productrice américaine, à l'origine de la collection Mercury Living Presence, était âgée de 82 ans.

Wilma Cozart Fine est décédée le 21 septembre. Avec son mari C. Robert Fine, la productrice américaine dirigea le département classique du label Mercury dans les années 50 et 60, supervisant des centaines d’enregistrements encore aujourd’hui hautement considérés en raison de leur profondeur et le réalisme de leur son.

Née le 29 mars 1927, Wilma Cozart Fine fut l’une des premières productrices, la profession étant alors massivement dominée par les hommes. Elle apporta une grande sensibilité et un goût certain à ses productions parmi lesquelles des disques de Rafael Kubelik, Antal Dorati, John Barbirolli, Sviatoslav Richter, Mstislav Rostropovitch, Howard Hanson, le Chicago Symphony Orchestra, le Detroit Symphony, Byron Janis ou bien encore Gina Bachauer.

Avec son mari qu’elle épousa en 1957, considéré comme un ingénieur du son alors très ingénieux, Wilma Cozart Fine développera des techniques d’enregistrement qui, même à l’époque du mono, ne se limitaient guère à ne capter qu’une performance mais aussi à reproduire l’espace sonore du lieu.

Les Fine furent les premiers à travailler l’enregistrement stéréo pour le grand public et, au début des années 60, expérimentèrent l’utilisation de films 35mm au lieu de basiques bandes magnétique enregistrées.

La longue liste de leurs productions inclut l’Ouverture 1812 de Tchaïkovski par Dorati à la tête du Minneapolis Symphony en 1954, avec des cloches enregistrées à l’Université de Yale et des canons à West Point, ainsi qu’une seconde version, quatre ans plus tard, avec d’autres cloches et d’autres cannons.

Par ailleurs, Wilma Cozart Fine possédait un sens inné du marketing. L’une des premières choses qu’elle entreprit lorsqu’elle intégra Mercury en 1950 fut de convaincre le président du label, Irving Green, de signer le Chicago Symphony Orchestra. Première séance de travail des Fine avec cette phalange, Tableaux d’une exposition de Moussorgski dirigé par Kubelik en avril 1951. La critique saluera d’entrée la magistrale prise de son du couple, permettant à la division classique de Mercury d’arborer un nouveau pavillon et d'en faire une collection à part entière : Living Presence.

Avant cette brillante carrière, Wilma Cozart Fine étudia la musique et la gestion au Texas. Elle trouve un emploi de secrétaire personnelle de Dorati, alors directeur musical du Dallas Symphony. Lorsque le maestro s’envole pour le Minneapolis Symphony, Fine le suit mais pour une courte durée, la jeune femme préférant s’installer à New York où elle est embauchée par Mercury, sur recommandations de ce même Dorati.

Parallèlement à ses signatures et ses enregistrements d’orchestres américains, Wilma Cozart Fine enregistra également à Londres, Vienne et Moscou. Elle avait prit sa retraite en 1964 mais s’était remise à travailler pour Mercury en 1989 pour superviser la ressortie en CD des albums de la collection Living Presence. Un article passionnant (in english !) sur la collection Mercury Living Presence