Le country rock joliment cabossé d'un songwriter qui monte, qui monte...

Cette belle gueule serait celle du fils de la vengeance de Steve Earle ! Le bébé éprouvette de Dylan ! Le fantôme de Townes Van Zandt ! Sacrée graine de songwriter que ce Ryan Bingham… Disque après disque, il perpétue une tradition macho et touchante de l'Americana, sculptée à l'anecdote du vécu, ponctuée par de la slide au papier de verre, tachetée de guitares pleines de poils et infusée à un certain classic rock lorgnant vers les Stones, les Black Crowes, Ryan Adams et Dylan… Bingham cause évidemment de ce à quoi on s'attend : le whiskey, la route, la poussière, le rodéo qu’il pratiqua activement à l’adolescence, la loooose, bref toute la panoplie du cowboy des temps modernes y passe. Adoubé par des parrains nommés Patti Griffin et Joe Ely, il possède avant toute chose un bel organe impressionnant de quadra au lourd casier et à l'haleine de scout mort. Il n'a pourtant que 33 ans… Sur ses albums Mescalito (2007), Roadhouse Sun (2009), Junky Star (2010) et Tomorrowland (2012), ses assemblages de mots n'égalent évidemment pas ceux des maîtres Townes Van Zandt ou Steve Earle, mais ses chansons bien construites et son instrumentation impeccablement choisie font tendre l’ouïe… C'est surtout lorsqu'il ôte son déguisement texan bien cintré bien coupé, que Ryan Bingham devient plus intéressant. Et pour Fear And Saturday Night, son cinquième opus studio qui parait en début 2015, il s’est même une fois de plus remis en question, s’isolant dans un mobile home, sans électricité ni téléphone portable, pour gratter ces douze chansons. Une retraite pour se rafraichir les idées et amplifier ses habituelles introspections liée à sa jeunesse agitée, sa mère tuée par la bouteille et son père suicidé… A ses côtés, un nouveau groupe et le producteur Jim Scott, histoire de peaufiner un nouvel album costaud et toujours aussi touchant…

Ryan Bingham 'Fear And Saturday Night' Behind-The-Scenes

Brain Farm

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