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Thomas Beecham

C’est la figure tutélaire de la direction d’orchestre britannique. Si le patronyme de Beecham est aujourd’hui bien connu des mélomanes, il était déjà fort populaire dans tout le Royaume-Uni pour les bienfaits des « Beecham pills », ces pilules laxatives inventées par le grand-père de notre futur chef d’orchestre, et qui avaient assuré la fortune familiale. Ainsi, alors que les laboratoires Beecham (aujourd’hui Glaxo) mettaient au point de nouveaux, un homme de 20 ans, sans aucune formation musicale, commençait à former un orchestre et à diriger en piochant sans aucun complexe dans le trésor familial. Il allait engloutir des sommes considérables en fondant plusieurs orchestres et en faisant venir, à ses frais, la troupe des Ballets Russes dès 1911 et en favorisant plus tard le rayonnement de Covent Garden dont il fut le directeur jusqu’en 1913.

Cet autodidacte de génie, autoproclamé chef d’orchestre, avait d’abord voyagé sur tout le continent pour observer les plus grands chefs de son temps, afin de se constituer sa propre technique, qui devait rester empirique tout au long de sa glorieuse carrière. « Réunissez les meilleurs musiciens, payez-les bien, et diriger n’est plus alors difficile », aimait-il dire à ses proches avec cet humour ravageur et bon enfant qu’il conservait en toute occasion. Mais si l’argent a bien aidé Sir Thomas Beecham, c’est bien par son travail opiniâtre, doublé de solides qualités musicales instinctives et de meneur d’hommes qu’il est parvenu à devenir le grand chef d’orchestre dont nous nous souvenons aujourd’hui encore, près de soixante ans après sa mort.

La Grande-Bretagne lui doit la fondation de deux ensembles prestigieux. Avant la guerre, l’Orchestre philharmonique de Londres qu’il dirigera de 1932 à 1939, puis, à la fin de sa vie, le Royal Philharmonic Orchestra avec lequel il enregistrera de nombreux disques. Mozart et Haydn occupaient une place de choix dans le panthéon musical de Beecham, ainsi que Sibelius, les compositeurs anglais comme Elgar et Delius et la musique française qu’il affectionnait tout particulièrement, notamment celle de Berlioz qui ouvrait la voie outre-Manche à ce compositeur décrié dans son propre pays, bien avant Colin Davis et, bien sûr, John Eliot Gardiner et John Nelson. Son enregistrement de Carmen de Bizet, réalisé en 1959 à Paris avec l’Orchestre national de France, avec Victoria de Los Angeles, Nicolaï Gedda, Janine Micheau et Ernest Blanc, fait toujours figure de référence. D’autres disques font désormais partie de l’histoire de la musique, tel le Concerto pour violon de Sibelius enregistré avec Heifetz ou le premier de Prokofiev avec Szigeti, datant tous les deux de 1935, auxquels on ajoutera sa célèbre Bohème de Puccini avec Victoria de Los Angeles et Björling, la Symphonie en ut de Bizet ou les Symphonies londoniennes de Haydn. Les interprétations de Sir Thomas Beecham sont au diapason de son énergie et de sa légendaire bonne humeur, non exempte d’autoritarisme. Vigueur, clarté, dynamisme, objectivité sont les caractéristiques de son art de la direction.

N’étant nullement préoccupé par des notions de rentabilité, Sir Thomas Beecham privilégiait les œuvres rares, jouant des œuvres de Méhul, Dalayrac, Paer, Vincent d’Indy ou Lalo, un genre de répertoire qu’il reprendra cinquante ans plus tard lorsqu’il se passionnera pour les enregistrements. Ses bons mots étaient si célèbres qu’ils ont fait l’objet d’un livre entier et l’on cite encore volontiers des propos qu’il n’a pourtant jamais tenus. Si son enregistrement gigantesque du Messie de Händel nous semble aujourd’hui grotesque, Sir Thomas Beecham nous a légué un fort capital de sympathie et des enregistrements qui gardent un incontestable attrait. © François Hudry/Qobuz

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