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Heinz Holliger

Avant d’être le chef-d’orchestre respecté qu’il est aujourd’hui et un des plus intéressants compositeurs de notre époque, Heinz Holliger fut le hautboïste le plus célèbre du monde qui a mis son instrument sur le devant de la scène comme une primadonna. Son exceptionnelle virtuosité, alliée à une sonorité idéale, a attiré de très nombreux compositeurs qui ont écrit pour lui : Frank Martin, Berio, Carter, Ferneyhough, Ligeti, Lutoslawski, Messiaen, Penderecki, Sandor Veress et Takemitsu. Mais Holliger connait ses classiques et a enregistré pour PHILIPS le répertoire baroque (Bach, Telemann, Couperin) classique (Mozart, Lebrun) et consacré une série d’enregistrements à Jan Dismas Zelenka, un compositeur bohémien contemporain de Bach dont la découverte fut une très heureuse surprise.



Intéressé par les extrêmes, Holliger est très attiré par les personnalités au bord de l’abîme comme Schumann, Hölderlin, Novalis ou le peintre suisse Louis Soutter qui fut d’abord violoniste à l’Orchestre de la Suisse Romande avant que la démence ne le rejoigne en le transformant en un dessinateur et peintre prolifique, plus de 1000 œuvres graphiques, alors qu’il était enfermé dans un asile. Mort sous les sarcasmes et dans indifférence presque totale, il doit sa postérité à son cousin Le Corbusier et aussi à Jean Dubuffet qui le découvrit grâce à Jean Giono. Heinz Holliger a composé son Concerto pour violon comme un hommage à cet artiste singulier.



Compositeur très sollicité, Holliger écrit de la musique de chambre et des œuvres symphoniques ou vocales, trouvant son inspiration chez des poètes comme Hölderlin, Trakl, Rimbaud (traduit en allemand), Celan, Walser ou Beckett. Sa musique, extrêmement originale, est souvent faite de frottements, d’eau qui coule, de bruissements. Elle n’hésite pas à revisiter des compositeurs du passé, Machaut, Schumann, voire les mythes fondateurs suisses qu’il fait exploser en repoussant sans cesse les limites instrumentales, sonores et structurelles comme la forme même du concert. « Toute bonne musique travaille sur les limites ». En 1985, il crée, au Festival de Donaueschingen, un de ses purs chefs-d’œuvre, Scardanelli-Zyklus, une vaste composition (2h30) sur des poèmes de Hölderlin, pour flûte solo, chœur mixte, ensemble instrumental et bande magnétique. « Ma musique est thérapeutique » dit-il, « elle me sauve la vie. » Elle n’est pas dépourvue d’humour non plus, comme cette Petite Czardas obstinée en référence à Liszt, qu’il écrit pour son ami le pianiste Andràs Schiff qui déteste justement ce compositeur…



A près de 80 ans, Holliger est toujours très actif comme compositeur et comme chef invité de l’Orchestre de Chambre de Bâle à la tête duquel il vient de donner un cycle Schubert, ce compositeur qui le hante depuis son enfance. « J’ai besoin de musique comme j’ai besoin d’air pour respirer et je ne fais que la musique qui est proche de moi », avoue-t-il. Jamais il ne touchera à Brahms et encore moins à Wagner dont il dit sentir l’antisémitisme à chaque page. Heinz Holliger se méfie des chefs qui ont des grandes idées théoriques et spécifiques à propos d’une œuvre. « Je suis trop compositeur pour savoir que ce que l’on écrit un jour pourra sembler très différent le lendemain ». Voilà qui tient à la fois de la sagesse, du bon sens et de l’expérience.



FH / QOBUZ / janvier 2018

Discographie

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