Dave Brubeck
Prononcer ce nom de Dave Brubeck et c'est immédiatement la sublime mélodie de Take Five qui vient à l'esprit. Ce thème écrit par le saxophoniste Paul Desmond offre cette ligne de piano en filigrane que Brubeck magnifie et autour de laquelle vient s'enlacer la fumée magique du saxophone de son auteur. Un titre figurant sur l'album Time Out paru en 1959, premier album de jazz à se vendre à plus d'un million d'exemplaires.Mais l'art de Dave Brubeck qui naquit le 6 décembre 1920 à Concord en Californie allait bien au-delà de ce simple standard. Lui qui prit quelques cours avec Darius Milhaud et rencontra même Arnold Schoenberg fut l'une des plus grosses stars de la jazzosphère durant les années 60, osant des acrobaties polyrythmiques et des constructions atypiques qui en firent un avant-gardiste parfois pas célébré à sa juste valeur. Il a également composé deux ballets, une comédie musicale, trois oratorios, quatre cantates, une messe, plusieurs morceaux pour formation de jazz et orchestre symphonique, ainsi que de nombreuses oeuvres pour piano ! Un impressionnant tableau de chasse qui ne fera jamais totalement l'unanimité, notamment chez les critiques. Et malgré les nombreuses innovations harmoniques, Brubeck, un peu comme Oscar Peterson, comptera un certain nombre de détracteurs.
« Quand vous commencez en vous fixant des objectifs - les miens consistaient à jouer en polytonalité et polyrythmie -, vous n'en venez jamais à bout », avait déclaré le pianiste à Associated Press en 1995. « J'ai commencé à le faire dans les années 40 et c'est toujours un défi de découvrir ce que l'on peut faire juste avec ces deux éléments. »
Dave Brubeck se destinait à des études vétérinaires pour devenir éleveur, comme son père, et reprendre l'exploitation de famille. Mais sa passion pour la musique le détournera rapidement de cette voie. Diplôme en poche en 1942, il est enrôlé dans l'armée, où il sert surtout en tant que musicien, dans les troupes du général George Patton en Europe. Le Wolfpack Band était alors le seul orchestre racialement mixte de l'armée.
Inscrit après guerre au Mills College d'Oakland, Dave Brubeck étudie la composition aux côtés de Darius Milhaud qui l'encourage à s'orienter vers le jazz. Il forma son célèbre quartet en 1951 avec Paul Desmond au saxophone et divers contrebassistes et batteurs avant qu'Eugene Wright en 1956 et Joe Morello en 1958 n'en deviennent la rythmique attitrée. Après Louis Armstrong en 1949, Brubeck est le second jazzman à faire la couverture de l'hebdomadaire Time du 8 novembre 1954. Il a alors déjà à son actif plusieurs albums, essentiellement "live", témoignages de l'intérêt du public à son égard. Avec Desmond, le pianiste partage le goût de l'exploration rythmique, que l'arrivée de Morello renforcera.
Sa collaboration avec le label Columbia (sur lequel parait Time Out en 1959) sera plus que fructueuse (jusqu'à quatre sessions sur une décennie, accouchant notamment de Time Further Out, Time In Outer Space, Time Changes, Time In) et Brubeck devient une véritable star. Il enregistrera une vaste palette d'oeuvres comme, notamment, les Dialogues for Jazz Combo and Orchestra de son frère Howard avec le New York Philharmonic dirigé par Leonard Bernstein, composera pour l'American Ballet Theatre, enregistrera Elementals avec le quartet et un orchestre symphonique, croisera le fer avec d'autres légendes comme Louis Armstrong et Carmen McRae.
Avec ses chansons de Cole Porter, Anything Goes qui paraît en 1966 est le dernier album du mythique quartet qui cesse son activité l'année suivante. Dave Brubeck s'investit alors d'avantage dans l'écriture classique : The Light In The Wilderness, oratorio créé en 1968, suivi de la cantate The Gates Of Justice, d'après des textes de Martin Luther King Jr. et de l'Ancien Testament, etc.
Après des années 80 peu productives, il était revenu, ces vingt dernières années, à une activité assez régulière. En 2009, venant s'ajouter à de nombreuses récompenses, le président Barack Obama lui décerna le prix "Kennedy Center Honor" pour sa contribution à la culture américaine. Dave Brubeck est décédé le 5 décembre 2012 à Norwalk dans le Connecticut. Le grand pianiste âgé de 91 ans a été terrassé par une crise cardiaque, la veille de son anniversaire, alors qu'il se rendait chez le cardiologue avec son fils, succombant en chemin.
© Qobuz 12/2012
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Prononcer ce nom de Dave Brubeck et c'est immédiatement la sublime mélodie de Take Five qui vient à l'esprit. Ce thème écrit par le saxophoniste Paul Desmond offre cette ligne de piano en filigrane que Brubeck magnifie et autour de laquelle vient s'enlacer la fumée magique du saxophone de son auteur. Un titre figurant sur l'album Time Out paru en 1959, premier album de jazz à se vendre à plus d'un million d'exemplaires.
Mais l'art de Dave Brubeck qui naquit le 6 décembre 1920 à Concord en Californie allait bien au-delà de ce simple standard. Lui qui prit quelques cours avec Darius Milhaud et rencontra même Arnold Schoenberg fut l'une des plus grosses stars de la jazzosphère durant les années 60, osant des acrobaties polyrythmiques et des constructions atypiques qui en firent un avant-gardiste parfois pas célébré à sa juste valeur. Il a également composé deux ballets, une comédie musicale, trois oratorios, quatre cantates, une messe, plusieurs morceaux pour formation de jazz et orchestre symphonique, ainsi que de nombreuses oeuvres pour piano ! Un impressionnant tableau de chasse qui ne fera jamais totalement l'unanimité, notamment chez les critiques. Et malgré les nombreuses innovations harmoniques, Brubeck, un peu comme Oscar Peterson, comptera un certain nombre de détracteurs.
« Quand vous commencez en vous fixant des objectifs - les miens consistaient à jouer en polytonalité et polyrythmie -, vous n'en venez jamais à bout », avait déclaré le pianiste à Associated Press en 1995. « J'ai commencé à le faire dans les années 40 et c'est toujours un défi de découvrir ce que l'on peut faire juste avec ces deux éléments. »
Dave Brubeck se destinait à des études vétérinaires pour devenir éleveur, comme son père, et reprendre l'exploitation de famille. Mais sa passion pour la musique le détournera rapidement de cette voie. Diplôme en poche en 1942, il est enrôlé dans l'armée, où il sert surtout en tant que musicien, dans les troupes du général George Patton en Europe. Le Wolfpack Band était alors le seul orchestre racialement mixte de l'armée.
Inscrit après guerre au Mills College d'Oakland, Dave Brubeck étudie la composition aux côtés de Darius Milhaud qui l'encourage à s'orienter vers le jazz. Il forma son célèbre quartet en 1951 avec Paul Desmond au saxophone et divers contrebassistes et batteurs avant qu'Eugene Wright en 1956 et Joe Morello en 1958 n'en deviennent la rythmique attitrée. Après Louis Armstrong en 1949, Brubeck est le second jazzman à faire la couverture de l'hebdomadaire Time du 8 novembre 1954. Il a alors déjà à son actif plusieurs albums, essentiellement "live", témoignages de l'intérêt du public à son égard. Avec Desmond, le pianiste partage le goût de l'exploration rythmique, que l'arrivée de Morello renforcera.
Sa collaboration avec le label Columbia (sur lequel parait Time Out en 1959) sera plus que fructueuse (jusqu'à quatre sessions sur une décennie, accouchant notamment de Time Further Out, Time In Outer Space, Time Changes, Time In) et Brubeck devient une véritable star. Il enregistrera une vaste palette d'oeuvres comme, notamment, les Dialogues for Jazz Combo and Orchestra de son frère Howard avec le New York Philharmonic dirigé par Leonard Bernstein, composera pour l'American Ballet Theatre, enregistrera Elementals avec le quartet et un orchestre symphonique, croisera le fer avec d'autres légendes comme Louis Armstrong et Carmen McRae.
Avec ses chansons de Cole Porter, Anything Goes qui paraît en 1966 est le dernier album du mythique quartet qui cesse son activité l'année suivante. Dave Brubeck s'investit alors d'avantage dans l'écriture classique : The Light In The Wilderness, oratorio créé en 1968, suivi de la cantate The Gates Of Justice, d'après des textes de Martin Luther King Jr. et de l'Ancien Testament, etc.
Après des années 80 peu productives, il était revenu, ces vingt dernières années, à une activité assez régulière. En 2009, venant s'ajouter à de nombreuses récompenses, le président Barack Obama lui décerna le prix "Kennedy Center Honor" pour sa contribution à la culture américaine. Dave Brubeck est décédé le 5 décembre 2012 à Norwalk dans le Connecticut. Le grand pianiste âgé de 91 ans a été terrassé par une crise cardiaque, la veille de son anniversaire, alors qu'il se rendait chez le cardiologue avec son fils, succombant en chemin.
© Qobuz 12/2012
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