Daniil Trifonov
Arrivé en fanfare dans la galaxie surpeuplée des pianistes, ce surdoué est un des musiciens les plus singuliers du moment. Il fait partie de ces grandes personnalités qu’on aime ou qu’on rejette. Né en 1991à Nijni Novgorod au bord de la Volga, il remporte ses premiers concours à l’âge de…8 ans. Il en a 20 lorsqu’il obtient le Premier Prix du Concours Tchaïkovsk et le grand prix toutes catégories confondues en stupéfiant le jury. En recevant cette distinction des mains de Valery Gergiev sa carrière était scellée. Elle a commencé sur les chapeaux de roue avec l’aval de Martha Argerich qui a déclaré haut et fort n’avoir jamais entendu quelque chose de semblable : « Il possède tout et plus encore. Ce qu’il fait avec ses mains est techniquement incroyable. »
Il y a les mains et il y a la tête et cette dernière est bien faite. Son jeu est d’une grande subtilité, sachant allier à merveille la fougue de sa jeunesse, sa folle virtuosité avec une sonorité qui peut être diaphane et à la limite du silence. Le redoutablement difficile Troisième Concerto de Rachmaninov est vite devenu son cheval de bataille qu’il interprète avec Gergiev, Rattle, Chung et bien d’autres. Dans cette œuvre fleuve il laisse aller, si l’on peut dire, son tempérament romantique jusqu’à l’excès, ne redoutant aucun sentimentalisme. Presque couché sur son piano, il joue avec la force de sa jeune âme et avec tout son corps, déployant des trésors d’expression et le chef d’orchestre a fort à faire pour épouser l’élasticité rythmique du jeune pianiste russe. Mais comme si cette musique ne suffisait pas au trop plein expressif qui l’habite, Trifonov a composé un Concerto à son usage dont les harmonies voluptueuses sont bien proches de celles de son compositeur fétiche. Le jeune prodige parvient à imposer son œuvre aux directeurs de salles pourtant souvent frileux de Verbier au Carnegie Hall de New York, où il le joue en première américaine avec l’Orchestre du Théâtre Mariinsksy sous la direction de son mentor Valery Gergiev.
Le jeu de Daniil Trifonov est si particulier qu’il ne ressemble à aucun autre. Tel un félin, il caresse les touches avant de bondir sur le clavier avec une imagination volubile et une virtuosité d’une délicatesse inouïe. « Un pianiste pour le reste de notre vie. » a écrit de lui le célèbre critique américain Norman Lebrecht. Il faut avoir, même à son âge, une sacrée santé mentale et physique pour affronter un tel rythme avec un concert tous les deux jours et d’incessants chassés-croisés entre l’Ancien et le Nouveau monde, et des programmes très variés.
L’industrie du disque ne s’est évidemment pas fait prier pour engager ce météore qui enregistre sous la prestigieuse étiquette jaune de DG. Le catalogue est encore modeste, mais Daniil Trifonov est si jeune qu’il a le temps devant lui pour régaler les mélomanes du monde entier qui vont l’acclamer pour des concerts qui affichent toujours complet. Son dernier disque consacré à Chopin présente les deux Concertos dans une orchestration revue par Mikhaïl Pletnev qui les dirige d’ailleurs dans cet enregistrement, bel exemple d’admiration pour son jeune confrère. Le compositeur polonais ne savait guère orchestrer c’est bien connu, l’orchestre ne l’intéressait pas. Alfred Cortot avait déjà retouché les concertos de Chopin, mais Pletnev va plus loin en recommençant le travail à zéro et le résultat est plus qu’intéressant. Ces œuvres si familières sonnent avec une subtilité nouvelle dans un ton chambriste, avec une belle prédominance des instruments à vent laissés pour compte par Chopin. L’interprétation de Trifonov est sophistiquée, libre, tendre, échevelée, romantique, poétique, tourmentée, elle tend une main amie au compositeur, car les deux musiciens sont des jeunes hommes du même âge, celui des illusions et de la volonté de conquérir le monde. Les nostalgiques de tout poil peuvent être rassurés, ils tiennent leur jeune Horowitz. © FH – novembre 2017 /Qobuz
Lire aussiArrivé en fanfare dans la galaxie surpeuplée des pianistes, ce surdoué est un des musiciens les plus singuliers du moment. Il fait partie de ces grandes personnalités qu’on aime ou qu’on rejette. Né en 1991à Nijni Novgorod au bord de la Volga, il remporte ses premiers concours à l’âge de…8 ans. Il en a 20 lorsqu’il obtient le Premier Prix du Concours Tchaïkovsk et le grand prix toutes catégories confondues en stupéfiant le jury. En recevant cette distinction des mains de Valery Gergiev sa carrière était scellée. Elle a commencé sur les chapeaux de roue avec l’aval de Martha Argerich qui a déclaré haut et fort n’avoir jamais entendu quelque chose de semblable : « Il possède tout et plus encore. Ce qu’il fait avec ses mains est techniquement incroyable. »
Il y a les mains et il y a la tête et cette dernière est bien faite. Son jeu est d’une grande subtilité, sachant allier à merveille la fougue de sa jeunesse, sa folle virtuosité avec une sonorité qui peut être diaphane et à la limite du silence. Le redoutablement difficile Troisième Concerto de Rachmaninov est vite devenu son cheval de bataille qu’il interprète avec Gergiev, Rattle, Chung et bien d’autres. Dans cette œuvre fleuve il laisse aller, si l’on peut dire, son tempérament romantique jusqu’à l’excès, ne redoutant aucun sentimentalisme. Presque couché sur son piano, il joue avec la force de sa jeune âme et avec tout son corps, déployant des trésors d’expression et le chef d’orchestre a fort à faire pour épouser l’élasticité rythmique du jeune pianiste russe. Mais comme si cette musique ne suffisait pas au trop plein expressif qui l’habite, Trifonov a composé un Concerto à son usage dont les harmonies voluptueuses sont bien proches de celles de son compositeur fétiche. Le jeune prodige parvient à imposer son œuvre aux directeurs de salles pourtant souvent frileux de Verbier au Carnegie Hall de New York, où il le joue en première américaine avec l’Orchestre du Théâtre Mariinsksy sous la direction de son mentor Valery Gergiev.
Le jeu de Daniil Trifonov est si particulier qu’il ne ressemble à aucun autre. Tel un félin, il caresse les touches avant de bondir sur le clavier avec une imagination volubile et une virtuosité d’une délicatesse inouïe. « Un pianiste pour le reste de notre vie. » a écrit de lui le célèbre critique américain Norman Lebrecht. Il faut avoir, même à son âge, une sacrée santé mentale et physique pour affronter un tel rythme avec un concert tous les deux jours et d’incessants chassés-croisés entre l’Ancien et le Nouveau monde, et des programmes très variés.
L’industrie du disque ne s’est évidemment pas fait prier pour engager ce météore qui enregistre sous la prestigieuse étiquette jaune de DG. Le catalogue est encore modeste, mais Daniil Trifonov est si jeune qu’il a le temps devant lui pour régaler les mélomanes du monde entier qui vont l’acclamer pour des concerts qui affichent toujours complet. Son dernier disque consacré à Chopin présente les deux Concertos dans une orchestration revue par Mikhaïl Pletnev qui les dirige d’ailleurs dans cet enregistrement, bel exemple d’admiration pour son jeune confrère. Le compositeur polonais ne savait guère orchestrer c’est bien connu, l’orchestre ne l’intéressait pas. Alfred Cortot avait déjà retouché les concertos de Chopin, mais Pletnev va plus loin en recommençant le travail à zéro et le résultat est plus qu’intéressant. Ces œuvres si familières sonnent avec une subtilité nouvelle dans un ton chambriste, avec une belle prédominance des instruments à vent laissés pour compte par Chopin. L’interprétation de Trifonov est sophistiquée, libre, tendre, échevelée, romantique, poétique, tourmentée, elle tend une main amie au compositeur, car les deux musiciens sont des jeunes hommes du même âge, celui des illusions et de la volonté de conquérir le monde. Les nostalgiques de tout poil peuvent être rassurés, ils tiennent leur jeune Horowitz. © FH – novembre 2017 /Qobuz
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