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Charles Trenet

Chanteur, auteur, romancier, comédien, Charles Trenet « a fait descendre la poésie dans la rue », disait Jean Cocteau. Georges Brassens - qui, comme Jacques Brel, Jacques Higelin et tant d'autres, s'étaient placés dans le sillage du chanteur -, estimait qu'il était le père de la chanson française. À l'heure même du déclin, dans les années 30 et 40, d'une certaine chanson comique ou réaliste, Charles Trenet révolutionne le genre avec son style novateur, en l'ouvrant à des rythmes nouveaux (le swing, le jazz) venus des music-halls d'Amérique (la comédie musicale de Broadway), sur des textes d'une poésie inhabituelle. Charles Trenet est le poète de la jeunesse, du bonheur, de la joie de vivre, de la gentillesse... et pourtant, derrière cette fantaisie pétillante et ce masque de Pierrot illuminé, l'homme peut se montrer impitoyable en proposant une pétition pour l'ablation des cordes vocales de Tino Rossi ou choisir de dissimuler ses gouffres intimes sous le vernis d'une certaine légèreté... Ainsi, plus qu'aucun autre, le « Fou Chantant » chante la mort, la solitude, la tristesse, le chagrin ou l'abandon. Où serait le prix de la joie si nous ne la perdions jamais ?, écrit-il.

Au cours d'une une vie riche, aussi passionnée que passionnante mais non sans sa part d'ombre, Charles Trenet, « poète inoxydable » selon les mots de Cocteau, aura épousé le 20e siècle sans vieillir grâce à sa vitalité et sa fraîcheur. Il a laissé un corpus d'une portée incontestable, après avoir écrit plus d'un millier de chansons, pour lui et pour les autres, dont certaines restent des succès intemporels (La mer, Y'a d'la joie, L'âme des poètes, Douce France) qui débordent largement le cadre de la chanson française en devenant des standards internationaux.

Né le 18 mai 1913 à Narbonne, Louis-Charles-Augustin-Georges Trenet, dit Charles Trenet est le second fils, après Antoine, de Marie-Louise Caussat et de Lucien Trenet, notaire et violoniste de talent, un père dont il sera bientôt éloigné en raison de sa mobilisation durant la guerre de 14-18. Le petit Charles est quand même un enfant enjoué, dorloté par sa mère et ses deux grand-mères. À la fin des hostilités, son père retrouve les siens, sa charge de notaire et réorganise chez lui ses petits concerts hebdomadaires privés où il tient le violon tandis que sa femme est à la harpe et son fils aîné Antoine au piano. La vie a donc repris son cours, mais pour peu de temps puisque ses parents divorcent en 1920 alors que Charles n'a que sept ans. Madame Trenet quitte la famille pour les bras de Benno Vigny (qui sera amant de Marlene Dietrich), scénariste et réalisateur germano-français, auteur du scénario du film Morocco de Josef von Sternberg et réalisateur en 1932 du long métrage Bariole. Lucien Trenet, qui a la garde de ses fils et vit à Saint-Chinian, les envoie dans un internat religieux à Béziers. L'enfant gardera de cette période d'éloignement familial, surtout maternel, un souvenir douloureux qui ressurgira dans ses chansons ; pour mettre une larme de miel sur sa blessure restée vive, Trenet écrira plusieurs années plus tard Le petit pensionnaire (1935), L'Abbé à l'harmonium (1971), Vrai, vrai, vrai (1981). Charles, qui attrape la typhoïde à l'internat quelques mois après son arrivée, est renvoyé chez lui. Durant sa convalescence, il se passionne pour la peinture, la poésie et la musique, un refuge pour cet enfant partagé entre deux foyers dont celui de sa mère à Narbonne sera son plus fort ancrage en lui laissant ses meilleurs souvenirs. Entre sa mère et son beau-père, il découvre le swing et les rythmes de son temps, les standards de jazz de George Gershwin, Fats Waller, qu'il écoute sur le phonographe familial.

En 1922, son père déménage à Perpignan. Charles le suit et se retrouve externe au lycée de la ville où il s'ennuie ; son âme de littéraire et de poète, qui se rassasie déjà de Cocteau, Max Jacob et Gaston Bonheur, lui fait détester les mathématiques. Luttant contre son isolement familial, il amuse ses camarades, invente déjà des chansons farfelues et devient le clown de la classe. Il a treize ans, en 1926, quand il fait la rencontre à Perpignan d'un ami de son père, le poète Albert Bausil qui le marquera profondément et dont il lit avidement les ouvrages de sa bibliothèque. À son contact, le jeune adolescent découvre le théâtre, le divertissement, le canular, l'art en général. Il se met à la peinture, écrit des poèmes qui sont publiés (sous le pseudonyme Charles ou Jacques Blondeau) dans le journal Le Coq catalan (du calembour « coq à talent ») de Bausil. C'est au même âge qu'il apparaît sur la scène du Nouveau Théâtre. Trenet ne se trompe-t-il pas sur lui-même quand il déclare « être passé de l'adolescence au gatisme sans avoir été adulte » ? Et si, au contraire, il était passé de l'âge adulte au gatisme sans avoir été adolescent, à en juger par sa précocité littéraire et poétique ?

Nouvelle étape dans sa vie : en 1928, alors qu'il est renvoyé du lycée pour conduite irrespectueuse et que son père se remarie, Charles Trenet quitte Perpignan pour Berlin où vivent sa mère et son beau-père Benno Vigny. Pendant dix mois, il fréquente une école d'art et les célébrités allemandes que côtoie son beau-père - comme Kurt Weill et Fritz Lang -, et se rend à Prague et à Vienne en compagnie de sa mère. À son retour en France à Narbonne, il expose et fait son premier vernissage en 1927, ébauche un roman, Dodo Manières (publié en 1940). En 1930, il monte à Paris pour y étudier soi-disant le dessin, les arts décoratifs et l'architecture comme le désire son père (qui le voyait architecte ou notaire !), alors qu'il préfère s'orienter vers le journalisme. En réalité, il commence par trouver un emploi d'accessoiriste (comme clapiste) dans les studios de cinéma Pathé-Nathan à Joinville-le-Pont...

Dès lors, Trenet est pris dans un engrenage irréversible et laisse tomber les études. L'ambiance créative des cabarets parisiens le stimule et il ne cesse d'écrire poèmes ou romans qu'il a l'audace de présenter à Jean Cocteau. Celui-ci, charmé par cette fraîche inspiration, lui conseille de mettre certains textes en musique et de les chanter. Et voilà que Benno Vigny revient à Paris avec sa mère en 1932 pour tourner Bariole. Il lui faut trouver l'auteur des quatre chansons qu'il souhaite comme illustration musicale à son film ; c'est à Charles qu'il les demande. Le jeune homme qui n'a pas encore vingt ans les écrit et se voit offrir par Salabert, l'éditeur des chansons du film, un contrat d'un an avec mensualité garantie à condition qu'il fasse partie de la SACEM (Société des auteurs-compositeurs et éditeurs de musique). Qu'a cela ne tienne : en janvier 1933, après avoir obtenu l'autorisation de son père puisqu'il est encore mineur, Charles passe donc l'examen d'admission de l'institution : au choix, composer une chanson ou écrire une dissertation ; il choisit la deuxième proposition qu'il traite en un quart d'heure (à la surprise du surveillant), d'une plume brillante et inspirée, sur le sujet « Mon destin en poésie ». Reçu, il devient le plus jeune parolier jamais accepté par la Sacem. À partir de là commence à se confirmer sa réputation d'auteur. Parallèlement à la chanson, Trenet arrive à se faire engager pour écrire des romans-feuilletons tirés de scénarios de films populaires (publiés dans la collection « Cinéma-bibliothèque » alors très en vogue), qu'il signe sous le pseudonyme Jacques Brévin (Nuits d'Espagne, Les surprises du divorce, Nuits de printemps...), un exercice d'écriture « très bien payé », racontera-t-il.

Par ailleurs, introduit dans le milieu littéraire de Montparnasse, Trenet y fréquente entre autres Jean Cocteau et Max Jacob. C'est là qu'il rencontre en 1932 le jeune pianiste suisse Johnny Hess : ainsi naît le duo « Charles et Johnny » qui, malgré un début peu prometteur, deviendra de plus en plus populaire en trois ans de scène interrompues en 1936 par le départ de Charles appelé sous les drapeaux (d'abord à la base d'Istres puis à Vélizy près de Paris). Le duo s'illustrera par leur chanson commune Vous qui passez sans me voir, qui deviendra un succès planétaire à travers l'interprétation de Jean Sablon rencontré au « Boeuf sur le toit ». Pendant son service militaire, les chansons de Trenet connaissent un vrai succès, comme La Valse à tout le monde (interprétée par Frehel) et Quel beau dimanche (par Lys Gauty).

Au tout début, Trenet ne chante pas Trenet et préfère confier l'interprétation de ses chansons à d'autres. C'est ainsi que Maurice Chevalier interprète Y'a d'la joie dont il fait un grand succès au Casino de Paris dans la revue Paris en joie à l'occasion de l'Exposition internationale de février 1937. Un soir, « l'homme au canotier », alors la vedette du film L'Homme du jour de Julien Duvivier dont la chanson-titre est justement Y'a d'la joie, fait applaudir Charles Trenet à la fin de son spectacle. Ce bon coup de publicité incite Trenet à se produire en solo. C'est dans cette période qu'il écrit ses titres les plus célèbres comme Fleur bleue, Je chante qu'il enregistre chez Columbia, gravant aussi Y'a d'la joie qu'il se réapproprie à cette occasion. C'est lors d'un gala à Marseille au cabaret du Grand Hôtel Noailles où il chante en solo qu'il gagne son surnom de « Fou chantant ». OEillet rouge à la boutonnière, sourire radieux coiffé d'un chapeau rond rejeté en arrière, le personnage de scène a pris forme. En mars 1938, il obtient un triomphe au music-hall «L'ABC» boulevard Poissonnière (fermé depuis 1965), devant un parterre où figurent Max Jacob, Jean Cocteau, Colette, Mireille qui découvrent Trenet chanteur... Cette même année, il reçoit sa première consécration avec la chanson Boom ! couronnée par un « Grand Prix du disque ». Sa notoriété explose carrément alors qu'il est à l'affiche de La route enchantée et de Je chante, deux films dont il signe aussi les chansons.

Arrive la deuxième guerre mondiale. Mobilisé, Charles Trenet reste à la base de Salon-de-Provence jusqu'à la défaite de juin 1940. On annonce sa mort, démentie par une interview qu'il donne en août 1940. Alors qu'un soir de 1941, sur la scène des Folies Bergères, Trenet a le culot d'interrompre le spectacle et de rompre son contrat lorsqu'il aperçoit des officiers et soldats allemands dans la salle, mais seulement après avoir chanté des chansons tels que Tous les jours noirs ont leurs lendemains, Espoir et Douce France (dont le public reprend le refrain à sa demande comme un hymne à la résistance et non un acte de collaboration), la presse collaborationniste fait courir le bruit qu'il est juif et que son nom est l'anagramme de Netter. S'ensuivent des ennuis avec la Gestapo qui lui tire une balle dans la jambe (il aura à subir une difficile rééducation), le fait comparaître devant le Comité d'épuration qui lui demande de fournir des extraits d'actes de naissance sur quatre générations pour prouver le contraire. Il finira par en sortir blanchi. N'empêche qu'il avouera plus tard que cette sinistre période, rappelée dans sa chanson Nous, on rêvait écrite en 1992, a fauché la jeunesse de son inspiration.

Mais pendant ces années de guerre, Trenet se consacre essentiellement au cinéma et joue dans six films dont Je chante, Romance de Paris et Adieu Léonard. Écrit par Jacques Prévert en collaboration avec son frère Pierre et réalisé par ce dernier, Adieu Léonard est le seul de ces films à rester dans la mémoire des cinéphiles. En 1943, le temps d'un voyage en train, de Sète à Montpellier, Trenet et le pianiste Leo Chauliac composent La Mer, chanson que le chanteur juge seulement passable alors qu'elle deviendra pourtant, à son plus grand étonnement, un standard repris dans des milliers de versions par des musiciens de jazz. Il est intéressant de préciser que la source d'inspiration n'en est pas la mer contrairement au titre mais l'étang de Thau qui défile sous leurs yeux, le long de la voie ferrée. Un an avant, en 1942, Trenet voit sa chanson Si tu vas à Paris interdite par le gouvernement de Vichy.

Au lendemain de la guerre, en 1945, Charles Trenet part en tournée au Québec puis aux Etats-Unis et ensuite en Amérique du Sud (Brésil, Pérou, Mexique) qu'il sillonne durant six ans en s'affirmant comme une haute figure de la chanson française avec La mer, Que reste-t-il de nos amours, Douce France, avant de s'installer à New York où il achète un appartement et devient ami de Louis Armstrong, Charlie Chaplin, Mary Pickford ou encore Laurel et Hardy. Son succès est quand même entaché par son incarcération de plusieurs jours en 1948 pour cause d'homosexualité "portant atteinte à la sécurité des Etats-Unis". Sous la plume de Jack Lawrence, sa chanson La Mer devient Beyond The Sea qui fera l'objet d'environ 4000 reprises - dont celle de Robbie Williams. Ce séjour lui inspirera quelques chansons (Dans les pharmacies et Dans les rues de Québec entre autres). Jusqu'en 1954, Charles Trenet se produit dans le monde sans cesser d'écrire et de composer. Il retrouve enfin Paris, une première fois en 1951 avec dix nouvelles chansons dont la Folle complainte, puis définitivement en 1954. Si le public ne l'a pas oublié, Trenet doit veiller à l'étoile montante Gilbert Bécaud dont le succès grandissant n'est pas loin de lui ravir la suprématie. Il riposte avec deux passages à l'Olympia où il fait un triomphe. Au cours de cette décennie, il compose encore Route nationale 7, La Java du diable, Moi j'aime le music-hall, L'âme des poètes et Le jardin extraordinaire (qu'il compose dans un parc à Copenhague).

Mais voilà qu'au début des années soixante survient pour Trenet une nouvelle menace avec la vague «yéyé» et ses «idoles» dont le style rock inspiré d'Outre-Atlantique ringardise les chanteurs de l'ancienne génération. Moins demandé sur les grandes scènes, Trenet est mis à l'écart. Puis survient la mort de son beau-père, qui entraîne le retour de sa mère à Narbonne dans la maison familiale où elle partagera désormais la vie de son fils. Mais cette nouvelle décennie n'a pas fini de le malmener. Outre que Trenet est accusé de plagiat par Claude François et Charlie Chaplin (affaires réglées à l'amiable), il est arrêté pour détournement de mineurs et atteinte aux bonnes moeurs à la suite d'une plainte anonyme (en fait, d'un ancien chauffeur licencié) avec à la clé, semble-t-il, un chantage manqué. En dévoilant l'homosexualité de Trenet qui la gardait secrète, la nouvelle fait l'effet d'une bombe en cette année 1963. Détenu durant un mois à Aix-en-Provence, Trenet est condamné à un an de prison avec sursis, jugement dont il fait appel : après un non-lieu, il est blanchi par la justice mais en restera très meurtri. De là certainement l'une des raisons de sa retraite prématurée pendant laquelle il se consacre à la peinture et l'écriture et publie chez Grasset le roman Le Noir éblouissant.

En raison des événements de mai 68, Charles Trenet renonce à fêter ses trente ans de scène à Bobino. Il choisit le cabaret « Don Camillo » pour renouer discrètement avec le public. Son grand retour aura lieu au Théâtre de la Ville l'année suivante, suivi en 1971 d'un autre à l'Olympia et dans les studios, enchaînant en 1972 avec une tournée mondiale. C'est à l'âge de soixante-deux ans, en 1975, qu'il fait ses adieux lors d'un dernier concert à l'Olympia. Eprouvé par le décès de sa mère en 1979, il s'éclipse pendant deux ans. Puis un producteur québécois a raison de son silence et l'incite à remonter sur scène : à soixante-dix ans, Trenet se produit au Festival « Juste pour rire » de Montréal. C'est un triomphe qui donne un deuxième souffle à sa carrière : l'énergie qu'il y déploiera médusera le monde. En 1987, âgé de soixante-quatorze ans, il obtient un grand succès au Printemps de Bourges où Jacques Higelin, inconditionnel du chanteur, l'a déjà présenté lors du premier festival (à l'époque résolument rock) dix ans auparavant. Puis il fête son grand retour au Théâtre des Champs-Elysées, après treize années d'absence sur une scène parisienne. Il récidive en 1988/1989 au Théâtre du Châtelet puis au Palais des Congrès où, là encore, le succès est au rendez-vous, même parmi la jeune génération. Trenet ose innover en mêlant des accents presque rocks à ses chansons et se fait entendre pour la première fois dans des pays où il est inconnu, comme l'Italie qui admirera ce « phénomène de 78 ans ». Dix ans plus tard, en 1998, il se produit à Nyon en Suisse où il réunit plus de 20 000 personnes qui chantent avec lui ses succès légendaires.

Charles Trenet a 79 ans quand il décide de vivre en appartement à Nogent-sur-Marne et de donner sa maison de Narbonne à la ville qui en fait un musée. À la fin de l'année 1992, Trenet connaît une fois de plus un immense succès avec un joyeux album à sa manière, Mon coeur s'envole, comprenant treize chansons nouvelles (dont Quand reviendront les cigales ou Nagib), qui lui permet de toucher un nouveau public. En mai 1993, il fête ses quatre-vingts ans à l'Opéra-Bastille et au Palais des Congrès. En 1996, il remet le couvert avec Fais ta vie, un nouvel album qui respire l'optimisme. Alors que la Coupole lui est refusée en 1983, Trenet est fait membre de l'Académie des Beaux-Arts le 17 mars 1999. Mais en novembre, lors de son dernier concert à la Salle Pleyel, il montre des signes de fatigue en chantant assis, sans pour autant perdre son charme ni son enthousiasme. Dans son dernier album sorti la même année, Les poètes descendent dans la rue, il évoque autant son enfance que sa vieillesse sur un ton tour à tour triste et enjoué.

En 2000, Trenet est victime d'un premier accident cardio-vasculaire dont il se remet suffisamment bien pour assister à la générale du spectacle de Charles Aznavour au Palais des Congrès. Mais en février 2001, il subit une nouvelle attaque cérébrale et décède le 19 à l'hôpital de Créteil, à l'âge de quatre-vingt-sept ans. Ses cendres reposent dans le caveau familial au cimetière de Narbonne.

© Qobuz, 05/2013

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