Du 29 janvier au 1er février, l’Opéra de Marseille représente les Caprices de Marianne, un opéra du XXème siècle composé par le français Henri Sauguet.

Les Caprices de Marianne est avant tout le résultat d’une énorme co-production initiée par le CFPL (Centre Français de Promotion Lyrique), qui contribue à l’insertion des jeunes artistes lyriques et réunit pour l’occasion quinze opéras français (Avignon, Bordeaux, Limoges, Marseille, Massy, Metz, Nice, Reims, Rennes, Rouen, Saint-Étienne, Toulouse, Tours, Vichy) et l’Avant-Scène, opéra suisse. Les tâches sont réparties entre les différents lieux : décors à Bordeaux, perruques à Toulouse, costumes à Tours et Avignon… Les maisons d’opéra s’unissent pour monter cet opéra-comique en deux actes, inspiré de la pièce de théâtre d’Alfred de Musset, composé par Henri Sauguet sur un livret de Jean-Pierre Grédy, maître du théâtre de boulevard.

Le CPFL, qui a contribué à la révélation de vedettes comme Natalie Dessay, Kaine Deshayes ou encore Stéphane Degout, n’hésite pas ici à mettre la main à la pâte en versant 160.000 euros du budget total de 470.000 euros, tandis que chaque opéra participe à la production en ajoutant 20.000 euros. 230 chanteurs provenant de 28 pays, dont 94 pour la seule Marianne ont été auditionnés pour cette œuvre. Après de nombreuses auditions, c’est l’équipe québécoise d’Oriol Tomas qui a été retenue pour la mise en scène, avec Claude Schnitzler comme directeur musical. Elle dirigera notamment Zuzana Marková dans le rôle de Marianne et Sarah Laulan dans le rôle d’Hermia.

Les Caprices de Marianne - © Patricia Ruel

Claude Schnitzler, spécialiste de la musique française, dépoussière l’œuvre et met en avant l’orchestration typiquement française et très colorée de Sauguet, signe d’une grande influence de Debussy. Sauguet résume l’enjeu d’une telle pièce : « Être simple en usant d’un langage complexe n’est pas facile. Il faut écouter le conseil de Rameau qui prescrivait de cacher l’art par l’art même et croire avec Stendhal que seules les âmes vaniteuses et froides confondent le compliqué et le difficile avec le beau ».

L’œuvre s’inspire donc du drame romantique de Musset en 1833, et raconte un amour impossible qui engendre deuils, nostalgie et destruction, dus à une terrible fatalité. Poétique et évocatrice, l’œuvre de Sauguet dégage un sentiment tragique en dépit de ses touches comiques et satiriques. Au centre de ce drame, un impossible amour engendrant deuils, nostalgie et destruction. A Naples, Coelio, fou d’amour, veut séduire la belle Marianne, épouse de l’autoritaire Claudio. Face à ce trio, Octave est l’incarnation de la liberté, la fougue, la jeunesse et la fidélité en amitié. Le jeune homme charme Marianne. Mais la fatalité surplombe la scène et les conséquences de cette histoire s’avèreront tragiques pour chacun. Inéluctabilité du destin pour un Coelio enchaîné par son amour fou pour Marianne, un Octave doublement esclave de son amour pour la belle et par sa fidélité en amitié, enfin une Marianne captive de Claudio. Longtemps restés dans les limbes de l’oubli, l’œuvre et son compositeur sont ainsi remis au goût du jour sous la baguette de Claude Schnitzler, spécialiste de la musique française. La partition nécessite un si vaste ensemble vocal qu'elle permet ainsi de mettre en avant de nombreuses tessitures : soprano lyrique, mezzo, ténor, ou encore basse bouffe. Cette collaboration est l’occasion de redécouvrir l’écriture inventive du compositeur nécessitant un maniement subtil de la prosodie. Il s’agit là d’une grande production qui laisse 4 jours pour se laisser découvrir à l’Opéra de Marseille : les jeudi 29, vendredi 30 et samedi 31 janvier à 20h, et le dimanche 1er février à 14h30.

Enfin, Maurice Xiberras, directeur artistique de l'Opéra de Marseille, revient pour Qobuz sur le cas Sauguet : «L'Opéra de Marseille porte Henri Sauguet dans son cœur en poursuivant le travail que nous avons commencé avec la résurrection de La Chartreuse de Parme et diverses œuvres de musique de chambre ou de mélodies. Il y a plusieurs années le CFPL présidé par Raymond Duffaut avait proposé de présenter Le Voyage à Reims de Rossini en unissant les forces vives de 15 maisons d'opéra. La particularité de ce projet portait sur le fait que tous les rôles ainsi que l'équipe de production étaient ouverts à concours, nous permettant de présenter deux distributions en alternance. Au regard du succès de cet essai, Raymond Duffaut par la voix du CFPL a voulu récidiver. Le choix de l’œuvre s'est porté cette fois-ci sur une œuvre française du XXe siècle. Après plusieurs tours de table entre les différents directeurs participant à cette nouvelle aventure, notre choix s'est porté sur Les Caprices de Marianne. Le livret est assez fort et a de plus l'avantage de proposer de nombreux rôles. C'est ainsi que le public marseillais pourra découvrir à la fois l’œuvre mais également de jeunes talents. Grâce à notre projet commun, ces jeunes artistes se verront offrir une cinquantaine de représentations... L’œuvre est plus intimiste que celle de la Chartreuse de Parme. Ici pas de grande scène de chœur ou de grand orchestre comme nous l'avions dans La Chartreuse. Les Caprices de Marianne est une pièce intimiste, suivant la prosodie du livret de Gredy et permettant un discours musical continu.»

L’Opéra de Marseille

Gagnez des places avec Qobuz

Billetterie