Rencontre avec le jeune Quatuor Hermès à l’occasion de la sortie de son deuxième album consacré aux quatuors opus 41 de Schumann et qui parait le 20 octobre chez la Dolce Volta.

« Osez notre jeunesse dans la maturité et la folie ces quatuors opus 41. » Tels sont les mots du Quatuor Hermès à propos de l’intégrale des quatuors de Robert Schumann au menu de leur second festin discographique. Après un premier album consacré à Haydn et Beethoven paru en 2012, le jeune quatuor publie le 20 octobre, chez la Dolce Volta, leur version de ces pépites du répertoire chambriste, un disque Qobuzissime ! Premier Prix au prestigieux Concours International de Genève en 2011, les Hermès remportent le Young Concert Artists de New York l’année suivante. Leur talent est une telle évidence que Gidon Kremer les invite à son festival de Lockenhaus et qu’Alfred Brendel leur prédit une grande carrière… A l’occasion de la parution de ce deuxième disque, Omer Bouchez (violon), Elise Liu (violon), Yung-Hsin Lou Chang (alto) et Anthony Kondo (violoncelle) évoquent leur déjà brillant parcours et l’origine de cet enregistrement Schumann.

Pourquoi l’opus 41 de Schumann au programme de votre deuxième album ?

Quatuor Hermès : Lorsque Michaël nous a proposé de rejoindre la famille de la Dolce Volta, nous avons immédiatement voulu faire un disque qui mette en avant notre personnalité et notre sensibilité. Les trois quatuors de Schumann répondaient parfaitement à cette envie, de par la liberté d'interprétation et la recherche sonore qu'ils offrent. Avec Schumann, c'est un monde profondément romantique que nous avons exploré. Un romantisme bien différent de celui d'aujourd'hui, un romantisme tourmenté, passionné et introverti. L'univers de Schumann est nourri d'aspirations, de croyances, d'idées brutes et sans concessions mais aussi de doutes, d'errements et de solitude. Cette dualité permanente qui oscille sans cesse entre tendresse et brutalité, académisme et audace caractérise toute la folie et tout le génie de ces quatuors.

Comment les partitions arrivent-elles à vous et vous mettez-vous facilement d’accord tous les quatre quant au choix de votre répertoire ?

Nous décidons du programme de nos concerts au moins un an avant le début de chaque saison et nous nous efforçons de les rendre variés et cohérents. Le répertoire du quatuor à cordes est si abondant et riche que la principale difficulté réside dans le choix des œuvres. Il existe tellement de chefs-d'œuvre !

En 2012, qu’a représenté pour vous le premier prix des Young Concert Artists de New York ?

Avoir remporté les auditions du YCA a apporté à notre quatuor une reconnaissance internationale. Le YCA a supporté un grand nombre d'artistes majeurs tels que Emmanuel Ax, Pinchas Zukerman ou le Tokyo String Quartet, et c'est un privilège de s'inscrire dans cette lignée. Nous nous rendons maintenant deux fois par an aux États-Unis et nous avons pu nous produire dans des salles mythiques telles que le Carnegie Hall à New-York.

Gidon Kremer vous a invité à son festival de Lockenhaus et Alfred Brendel vous prédit une grande carrière : comment vivez-vous la « bénédiction » de tels maîtres ?

Nous avons rencontré Gidon Kremer durant les premières années de notre quatuor et ce fut un vrai baptême musical que de participer au si prestigieux festival de Lockenhaus ! C'est un lieu d'échange unique et nous avons découvert de remarquables musiciens, de tout âge et de toute nationalité. Quant à Alfred Brendel, c'est une rencontre dont nous gardons précieusement le souvenir. Nous admirons énormément ce musicien, notamment dans Schubert et Beethoven, et il est pour nous une grande source d'inspiration. La reconnaissance qu'il nous manifeste apporte bien sûr une légitimité à notre quatuor, mais nous retenons avant tout son amour du texte, son exigence dans la quête d'une interprétation dénuée d'artifices et pourtant profondément humaine.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile durant les six années d’existence de votre jeune quatuor ?

Le quatuor à cordes fonctionne presque exclusivement en huit clos, et c'est une mini-société qui se développe. Nous travaillons presque tous les jours ensemble, nous voyageons ensemble et ce n'est pas un hasard si l'on dit que le quatuor est un mariage à quatre ! Les concerts importants peuvent être source de pression ainsi que les nombreux déplacements qui rythment notre quotidien. Et il n'est pas toujours aisé de concilier vie privée et vie professionnelle. Malgré ces quelques difficultés avec lesquelles nous apprenons à jongler, l'immense bonheur de partager une musique que nous respirons ensemble est pour nous une source d'accomplissement permanent.

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