En 2004, pour la première fois depuis plus de 20 ans, Viktoria Mullova rejouait dans son pays natal, la Russie. L'occasion de retracer le parcours d'une violoniste virtuose qui a inventé son propre style.

Lundi 4 février à 23h15, Arte proposera un document rare de 2004 consacré à l’une des grandes violonistes contemporaines : Viktoria Mullova, entre perfection et liberté de Claudia Willke.

Issue du creuset de talents que constitue depuis des décennies le Conservatoire de Moscou, où elle a eu pour maîtres Leonid Kogan et Volodar Bronine, Mullova est régulièrement invitée sur toutes les grandes scènes du monde.

La carrière internationale de cette artiste singulière, auréolée de nombreux prix (parmi lesquels le Premier Prix du Concours Sibelius d'Helsinki et la médaille d'or du Concours Tchaïkovski), n'a vraiment commencé qu'après sa fuite spectaculaire d'Union Soviétique, en 1983. Séjournant en Scandinavie puis en Amérique, Viktoria Mullova gagna finalement l'Europe… Depuis, elle a été applaudie avec les plus grands orchestres et sous la direction des chefs les plus renommés. Elle joue sur un Stradivarius (son “Jules Falk”) de 1723.

En 2005-2006, on a pu l’entendre aux BBC Proms (Last Night of the Proms), mais aussi en tournée européenne et américaine avec l’Orchestre du Minnesota. Avec un groupe d’instrumentistes partageant sa vision artistique, Mullova a créé l’Ensemble Mullova, dont la première tournée a eu lieu en juillet 1994. Cet ensemble a depuis enregistré deux disques (Concertos de Bach, Octuor de Schubert) et donné de nombreux concerts en Europe, où son mélange unique d’approche savante et de musicalité ainsi que sa capacité à donner vie à la musique nouvelle et à la musique ancienne n’a eu de cesse d’enthousiasmer le public et la critique.

Eté 2007, Viktoria Mullova a signé avec le claveciniste Ottavio Dantone un superbe double album de six Sonates pour violon et clavier de Bach écrites à Cöthen entre 1717 et 1723. La particularité de ces œuvres est que la partie de clavecin est entièrement réalisée, au lieu de se présenter sous forme de basse continue. De la sorte, Bach écrit de véritables sonates «en trio», c’est-à-dire contenant trois parties distinctes : une au violon, et une à chaque main du clavier. Naturellement, il en profite pour développer une écriture diablement contrapuntique, très éloignée d’ailleurs de la mode à l’italienne qui commence à s’installer et qui préfère accompagner une partie soliste virtuose assez simplement, avec des accords plaqués soulignant l’harmonie sans trop se mouiller. Pour marquer le contraste, Viktoria Mullova propose également deux Sonates du même Bach composées selon ce principe italianisant, avec basse continue : l’auditeur saura aisément entendre la différence radicale de conception et de propos, d’autant plus que la basse est alors soulignée d’une viole de gambe, et le continuo confié qui à l’orgue, qui au luth…

Viktoria Mullova, entre perfection et liberté de Claudia Willke, le documentaire proposé par Arte le 4 février, suit la trajectoire de cette grande dame du violon qui, après une absence de vingt et un ans, rejoue pour la première fois dans son pays natal. Le voyage dans le passé permet de resituer son parcours artistique. Si elle débuta au sein de l'école russe, centrée sur la technique, elle apprit à l'oublier pour trouver son style propre - un violon sans fioritures, tout en finesse et en élégance.

A noter que ce document sera rediffusé par Arte le 11 février à 8h00.

Le site officiel de Viktoria Mullova

Le site officiel d’Arte