L'Orchestre National de France dirigé par le chef Cristian Măcelaru signe une superbe intégrale des symphonies du compositeur Camille Saint-Saëns dont on fête le centenaire de la disparition le 16 décembre 2021...

Il était temps qu’un orchestre parisien se préoccupe enfin d’enregistrer autre chose que Debussy et Ravel dans le répertoire français qu’il devrait pourtant défendre en priorité. En attendant, peut-être, les symphonies de Magnard, Ropartz ou Honegger, voici toutes celles de Camille Saint-Saëns, sous la direction de Cristian Măcelaru, à la tête de l’Orchestre National de France dont il est le titulaire depuis le 1er septembre 2020, publiées par Warner Classics.

Saint-Saëns : Symphonie n°2 en la mineur op. 55

France Musique concerts

Avant même de parler des œuvres, soulignons l’extraordinaire subtilité de la direction de Măcelaru, son sens des nuances, la souplesse des articulations, la justesse des tempos. Sous cette baguette frémissante, le National semble avoir retrouvé un nouveau souffle et une nouvelle précision. Quant aux cinq symphonies de Saint-Saëns, elles sont, à l’exception de la célèbre « Symphonie avec orgue » (1886), des œuvres de jeunesse et on ne pourrait en vouloir au jeune compositeur de plagier sans vergogne ses aînés ! Il a quinze ans lorsqu’il compose sa Symphonie en la majeur (sans numéro) qui doit tout aux Symphonies « Londoniennes » de Haydn et à la Symphonie « Jupiter » de Mozart, tout comme l’avait fait le jeune Schubert avant lui.

Trois ans plus tard, Saint-Saëns compose sa Symphonie n°1 marquée par l’Eroica de Beethoven (dont elle a d’ailleurs la même tonalité de mi bémol majeur) qui aurait été en droit de protester contre cette copie illicite. À dix-neuf ans, le fougueux jeune homme écrit la Symphonie « Urbs Roma » (sans numéro) qui rend un hommage façon péplum à la Rome antique avec tout le panache qu’on peut avoir à cet âge. La Symphonie n°2 qui lui succède cinq ans plus tard est d’une écriture moins passionnée, plus sobre et beaucoup plus personnelle.

Quant à la célébrissime Symphonie n°3 en ut mineur, elle consacre un compositeur qui est parvenu au summum de son talent. Saluons-en la belle version qu’en donnent ici Olivier Latry à l’orgue du Nouvel Auditorium de Radio France, l’Orchestre National et Cristian Măcelaru dont la direction nerveuse et tranchante emporte l’adhésion.

ÉCOUTEZ "SAINT-SAËNS COMPLETE SYMPHONIES" PAR CRISTIAN MǍCELARU ET L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE SUR QOBUZ

Ecouter aussi