Qui est cet « amant des ténèbres » (Amata dalle tenebre) en tête du dernier album d’Anna Netrebko ? Il est le personnage maléfique causant la détresse féminine que les compositeurs et librettistes ont pris un malin plaisir à décrire dans leurs œuvres. Dans son essai L’Opéra ou la défaite des femmes paru en 1979 (Éditions Grasset), Catherine Clément avait déjà consacré un essai passionnant sur ces femmes assassinées, abandonnées, méprisées, mais aussi magnifiées tout au long de la longue histoire de l’opéra.
Anna Netrebko - Verdi: 'Ritorna vincitor ... Numi pietà' from "Aida"
Deutsche Grammophon - DGCe sont ces héroïnes qu’Anna Netrebko a choisies pour cet album qui comprend dans sa version physique de luxe un film consacré à la diva russe. Attendu depuis cinq ans, ce nouveau récital bénéficie de la direction de Riccardo Chailly à la tête de l’Orchestre de la Scala de Milan. La voix exceptionnelle de Netrebko brille des milles sortilèges de sa puissance et de sa variété dans ces extraits célébrissimes auxquels elle imprime son tempérament de feu. Tout commence par Adriana Lecouvreur (« Poveri fiori ») de Cilea pour s’achever par la Mort d’Isolde (« Mild und leise ») consumée par l’amour.
Anna Netrebko – Purcell: Dido and Aeneas, Z. 626: "When I am laid in earth"
Deutsche Grammophon - DGEntre les deux, c’est un festival d’airs sublimes provenant de Didon et Enée (Purcell), La Dame de Pique (Tchaïkovski) qu’elle enregistre pour la première fois, le grand air d’Ariane de Ariadne auf Naxos (Strauss), Aida et Don Carlo (Verdi), Tannhäuser et Lohengrin (Wagner), Madama Butterfly et Manon Lescaut (Puccini). Rien que du beau chant, rien que du bonheur grâce à une voix qui s’épanouit dans le grave avec le temps et, qui plus est, amoureusement soutenue par les musiciens milanais.