SÉLECTION

Du sang et des boyaux. Le 12 mai 1970, le maître zen a dû laisser quelques traces sur le piano du Centre culturel américain, la centrifugeuse des années « pom pom » pompidoliennes. Il joue, beaucoup, très bien, pas si vite, pas trop fort. Pas la peine, nulle esbroufe, juste l’envie de tout donner, comme toujours avec lui. Alors ça passe par des prises d’élans (la course-poursuite du thème éponyme), des risques insensés (« Down The Gill’s » et ses évidences toutes monkiennes), des ascensions irrésistibles (l’ouverture de « La Petite Africaine »), des calmes vertigineux (« My Funny Valentine » désossée). Ce pianiste-là avait en mains et en tête toute l’histoire du jazz. Dix ans après sa mort, ce disque rappelle combien ce Mal nous faisait du bien.

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