Le grand pianiste Pierre Barbizet aurait eu 90 ans aujourd'hui…

Ce 20 septembre, on célèbre à Marseille le 90e anniversaire d'un artiste magnifique, disparu dans ces lieux le 19 janvier 1990 : Pierre Barbizet. L'occasion de se remémorer un géant de la musique française à maints égards. Grand professeur certes, (Barbizet a été, pendant 26 ans, de 1963 jusqu'à sa mort, le directeur du Conservatoire de Marseille). Parmi ses nombreux élèves, citons Hélène Grimaud, Frédéric Aguessy, Philippe Cassard, Jean-Yves Thibaudet... Mais Barbizet était aussi un chambriste exceptionnel (comme en font foi ses enregistrements avec Christian Ferras ou Samson François pour les quatre mains de Ravel ou les deux pianos de Chopin). Et un pianiste soliste d'importance majeure comme en témoignerait mieux sa discographie si Warner Classics se décidait à rééditer ENFIN ses disques Erato. L'intégrale Chabrier est une référence, mais aussi tant de disques qu'il a réalisés pour cette marque, aujourd'hui indisponibles…

L'homme était pittoresque, avec une physionomie peu banale, une grosse voix chaleureuse, une manière rare de brûler d'enthousiasme musical. En concert, il put être un peu irrégulier sur la fin, mais le plus souvent installé à des altitudes musicales que le pianiste commun ne connaît guère. Il fallait l'entendre triller — d'une manière très particulière, en basculant la main —, entendre ses Mozart si lyriques, ses Schumann gorgés de sève, ses Debussy sans fadeur, pour ainsi dire méditerranéens. Barbizet est né au Chili et y a pris ses premiers cours de piano ; sans doute gardait-il une mémoire comme digitale de cette école sud-américaine qui nous a laissé tant de grands pianistes au toucher bien particulier.

On se souvient aujourd'hui de Pierre Barbizet au moins à travers sa collaboration avec Christian Ferras, et c'est heureux. Le 6 mai 1982, le jour du concert célébrant le jubilé de leur duo déjà légendaire à l'époque, un miracle s'est produit à la Salle Gaveau. Alors que Ferras avait disparu de la scène depuis quelque temps en raison de ses démons récurrents, lui et Barbizet donnèrent un récital d'une jeunesse, d'une perfection instrumentale et d'une fusion de leur Art retrouvées d'une façon pour ainsi dire inespérée. Le miracle fut de courte durée et Ferras replongea.

« Ferras et moi, nous resterons comme les interprètes qui ont toujours cherché à faire vivre ce qui est écrit, en particulier dans la sonate de Debussy et dans celle d'Enesco. Mon espoir, c'est que nos enregistrements fassent progresser les jeunes qui sentiront la réalité du texte. »

À ÉCOUTER SUR QOBUZ :

— La discographie, certes trop pauvre en enregistrements en solo, sur Qobuz

Un enregistrement radiophonique sorti en novembre 2013 (voir dans l'encadré)

UN LIVRE A LIRE :

— L’ouvrage que lui a consacré sa femme Caline.

UN DVD A VISIONNER :

— Un très bon documentaire consacré à Barbizet, très intéressant et touchant, est paru, disponible auprès des Films Mativi, sur leur site internet.