L’Ensemble intercontemporain et ses solistes célèbreront l’univers du pape de la musique spectrale Tristan Murail, les 11 et 13 juin à la Cité de la Musique.

Les partitions de l'un des fondateurs de la musique spectrale seront à l'honneur à la Cité de la Musique vendredi 11 (20h00) et dimanche 13 juin (16h30). Côtoyant celles de Matthias Pintscher, Giacinto Scelsi ou encore Morton Feldman, les œuvres de Murail ne laissent guère indifférents…

Le concert du 11 juin sera composé de Yamaon et Okanagon de Giacinto Scelsi, Verzeichnete Spur de Matthias Pintscher et L'Esprit des dunes et Serendib de Murail.

Deux jours plus tard, les solistes de l’Ensemble intercontemporain interprèteront Vues aériennes, Garrigue et Les Ruines circulaires de Tristan Murail, Durations III de Morton Feldman et Iconica IV, création Cursus 2 de Marco Momi.

Des « turbulences locales à l’image des mouvements globaux », écrit Tristan Murail à propos de son œuvre de 1992 intitulée Serendib, d’après le nom mythique donné à l’île de Ceylan par Sindbad le marin lorsqu’il la découvrit par le plus grand des hasards au cours de l’un de ses voyages. Les œuvres du fondateur de la musique spectrale (avec Gérard Grisey, Michaël Lévinas et quelques autres) réservent elles aussi bien des découvertes inattendues…

Le public de la Cité de la Musique pourra profiter d’une introduction aux concerts par deux musicologues : Antoine Pecker le 11 juin et David Hudry le 13 juin. Pendant l’heure précédant le concert, ils proposeront un éclairage sur les œuvres au programme.

Né le 11 mars 1947 au Havre, Tristan Murail obtient des diplômes d'arabe classique et d'arabe maghrébin à l'Ecole Nationale des Langues Orientales Vivantes, ainsi qu'une licence ès sciences économiques et le diplôme de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. En 1967, il entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe d'Olivier Messiaen et y obtient un Premier Prix de composition en 1971. La même année, il reçoit le Prix de Rome et passe deux ans à la Villa Médicis. Durant ses années de formation, ses modèles se trouvent parmi les esthétiques qui s'attachent à créer des mouvements globaux de masses, de volumes ou de textures sonores : la musique électroacoustique, les œuvres de Iannis Xenakis, Giacinto Scelsi et surtout György Ligeti.

A son retour à Paris en 1973, il fonde, avec Michaël Lévinas et Roger Tessier, le collectif de musiciens L'Itinéraire, qui deviendra un laboratoire précieux pour ses recherches dans le domaine de l'écriture instrumentale, de l'emploi de l'électronique en temps réel et de la composition assistée par ordinateur. La même année, il compose La Dérive des continents et Les Nuages de Magellan qui marquent son premier style ; des pièces s'apparentant à un magma sonore ininterrompu, sans articulation ni réelle évolution. Sables (1974) et Mémoire/Erosion (1975-1976) marqueront ensuite deux étapes successives du compositeur vers l'épure.

En 1980, les compositeurs de L'Itinéraire participent à un stage d'informatique musicale à l'Ircam. Cette expérience aura un impact décisif sur l'évolution de la musique de Murail qui commence à utiliser l'informatique pour approfondir sa connaissance des phénomènes acoustiques. Il compose Désintégrations en 1982-1983, sa première expérience de superposition de sons instrumentaux et de sons de synthèse. Avec Serendib (1991-1992) et d'autres œuvres de cette époque (La Dynamique des fluides, La Barque mystique), sa musique atteint un stade extrême de morcellement, d'articulation, et d'imprévisibilité du déroulement. De 1991 à 1997, il collabore avec l'Ircam où il enseigne la composition et participe au développement du programme d'aide à la composition Patchwork. Il enseigne également dans de nombreux festivals et institutions, notamment aux cours d'été de Darmstadt, à l'Abbaye de Royaumont et au Centre Acanthes.

Installé aux Etats-Unis, Tristan Murail est aujourd'hui professeur de composition à l'Université Columbia à New York depuis 1997. Parmi ses compositions récentes, notons Légendes urbaines qui a été créé le 21 novembre 2006 à la Cité de la Musique à Paris par l'Ensemble intercontemporain sous la direction de Jonathan Nott et Contes cruels, commande de la Radio Néerlandaise pour le Festival Output, le 28 septembre 2007 au Muziekgebouw à Amsterdam dans le cadre du Gitaarfestval.

Le site de Tristan Murail

Le site de la Cité de la Musique