À l’occasion de l'année France-Russie 2010, le Théâtre de Suresnes accueillera cinq événements musicaux du 9 au 17 octobre. Sans oublier, le 19 octobre, la fin du cycle avec Les Trois Soeurs de Tchekohv mis en scène par Volodia Serre.

La partie musicale de ce cycle débutera samedi 9 octobre avec le spectacle Tzigane imaginaire. De l’Inde à l’Espagne en passant par les Balkans, l’histoire des Tziganes est hantée de fables romanesques, d’épisodes douloureux et d’images colorées. Ce peuple, centré autour de la famille et de la communauté, transmet sa culture par l’oral, les contes, les chants. De ces traditions captivantes, parées de mythologies pittoresques ou cruelles, Jean-Marc Zelwer et sa troupe recréent un folklore imaginaire, une Tziganie idéale et scénique.

On y retrouve le style propre à Zelwer, cette capacité à s’approprier le terreau traditionnel des musiques d’Europe de l’Est en réinventant les sons, juxtaposant les instruments invraisemblables, et imposant sa marque. Compositeur de nombreuses musiques de films, habitué de l’univers du cirque, de la danse contemporaine et des cultures populaires, Zelwer, en maître de cérémonie de ce cabaret de saltimbanques, intègre au folklore balkanique des couleurs indiennes, scandinaves, orientales, hispanisantes ou baroques, réimaginant la diaspora gitane à travers son propre amour de la culture des Roms. Un voyage au Zelweristan peuplé de musique, de rêveries, de danses et de couleurs. Cette soirée du 9 octobre se prolongera par un cabaret russe dans la salle Aéroplane.

La semaine suivante, vendredi 15 octobre, l’ensemble Accentus se penchera sur des partitions signées Tchaïkovski (Liturgie de St Jean Chrysostome), Taneyev (Dix chœurs sur des textes de Polonski, op.27) et Chostakovitch (Dix Poèmes sur des textes révolutionnaires, op.88). Emblème du renouveau choral français, la formation de Laurence Equilbey manifeste, dans chacun de ses projets, un brio vocal et une intelligence interprétative qui la placent au plus haut niveau international. Dans ce nouveau programme, le chœur de chambre plonge dans le monde musical russe, terre de tradition vocale par excellence. Du point de vue de la stricte chronologie, seulement sept décennies séparent la Liturgie de Tchaïkovski des Poèmes révolutionnaires de Chostakovitch.

Et pourtant ! Ce sont bien deux mondes qui se révèlent et s’opposent à travers ces musiques témoignant avant tout – et avec quelle force ! – de l’accélération fulgurante de l’histoire de la Russie. On le sait, au cours de cette période, le pays passe de l’âge tsariste, illustré par la géniale relecture de l’esthétique orthodoxe du compositeur romantique en 1878, au système communiste soviétique sollicitant Chostakovitch, l’un de ses porte-voix, pour célébrer en 1951 la Révolution de 1905… et ses idéaux perdus.

Changement d’atmosphère avec le programme Chansons et poèmes russes qui sera donné samedi 16 octobre (18h30) et dimanche 17 octobre (15h00). Marquée par la culture poétique, l’influence de la langue française ou l’engagement politique, la chanson russe est empreinte de ce supplément d’âme, une émotion particulière et palpable. En faisant découvrir les principaux auteurs et interprètes incontournables de la chanson russe du siècle soviétique, Vladimir Piankov renvoie la balle à la chanson française : c’est par Jacques Brel que ce comédien à la voix profonde a découvert la langue française, la vocation musicale, l’indiscipline artistique.

Accompagné au piano par Vadim Sher, Piankov fait à son tour rencontrer ou retrouver un répertoire choisi : Boulat Okoudjava, rebelle, « Brassens russe », le poète révolutionnaire Alexandre Blok, Vertinski, le dandy errant, et le marquant, l’immense Vissotski, dont le succès à l’est comme à l’ouest de l’Oural le porte au rang de légende. Ce tour d’horizon russophone émaillé de clins d’œil à la chanson française porte la marque des poètes écorchés à la beauté torturée : un art qui vous extrait du quotidien en le sublimant.

Samedi 16 octobre, c’est l’Ensemble Kudesy qui participera à son tours à ce cycle russe du Théâtre de Suresnes avec des chants des fêtes du calendrier populaire de la région de Novgorod-le-Vieux pour dix voix de femmes et d’hommes avec guitare, accordéon et balalaïkas. La ville d’ancrage de ce projet n’est certainement pas due au hasard. C’est à Novgorod « le Vieux », première capitale russe au Moyen Âge, qu’est né Kudesy. Ce théâtre, créé il y a 18 ans par la spécialiste des arts populaires Marina Bouriak, est à la fois un conservatoire de la richesse culturelle russe, un laboratoire de transmission des traditions et un véritable ensemble artistique. Danse, chant, théâtre, musique instrumentale et arts appliqués, autant de coutumes qui font l’essence même de la culture russe séculaire. Porteur de cette recherche ethnographique et artistique, l’Ensemble Kudesy prospecte, rassemble et ressuscite les folklores du nord-ouest de la Russie, en les faisant revivre sur scène. Un spectacle festif, qui grâce à l’authenticité des voix, des instruments et des danses, nous permettra de renouer avec les rites et des traditions collectives empreintes de liesse, d’humanité et de chaleur. Un vivier créatif unique en son genre qui redonne une actualité vivante au patrimoine culturel russe.

Pour refermer cette partie musicale de ce cycle russe, le Théâtre de Suresnes proposera un récital Moussorgski, Tchaïkovski et Rachmaninov du jeune pianiste Andrei Korobeinikov, dimanche 17 octobre à 17h00. A 25 ans, cet ancien élève du Conservatoire de Moscou, puis du Royal College de Londres, bardé de récompenses internationales (« meilleur musicien de la décennie » à Moscou, Prix Scriabine à Paris, Prix Rachmaninov à Los Angeles…) apparaît comme le prototype même du pianiste russe d’exception. Il est, dès à présent, cela va sans dire, l’invité régulier des plus grands orchestres, chefs et salles du circuit international. Et le phénomène Korobeinikov ne se limite pas au piano, car le jeune prodige est aussi compositeur et… avocat, spécialiste de la propriété intellectuelle !

Le répertoire de Andrei Korobeinikov s’étend des Romantiques à la musique du XXe siècle, avec une prédilection certaine pour Beethoven (compositeur auquel il a consacré l’un de ses disques majeurs à ce jour) ou pour les grands compositeurs russes. Puissance sonore, profondeur poétique, virtuosité, sens de l’architecture… Korobeinikov possède les qualités idéales pour exalter la magie sonore et la fièvre créatrice des œuvres de Rachmaninov, Moussorgski et Tchaïkovski au programme de ce récital. Retirez vos places avec Qobuz pour le concert d’Andrei Korobeinikov en écrivant à : places@qobuz.com.

Le site du Théâtre de Suresnes