Au programme de ce concert, retransmis en direct et en streaming sur Internet le 2 octobre 2011 à 20h et maintenant disponible dans les archives de la [Salle de concerts digitale->http://www.digitalconcerthall.com/] : Orchestermusik, op. 9 de Gottfried von Einem, le Concerto pour violoncelle de Schumann et la Première Symphonie "Titan" de Mahler pour la première fois au Philharmonique de Berlin dans sa toute première version en cinq mouvements. [->http://www.digitalconcerthall.com/en/tickets]

Certes, le concert du 16 mars 1896 du Philharmonique de Berlin, au cours duquel Mahler dirigea sa Première symphonie, n’offrait pas à proprement parler une création mondiale, mais on peut se permettre de chipoter un peu. Disons que c’est la première fois que l’œuvre était présentée sous le nom de Première symphonie et non plus Poème symphonique Le Titan — un titre utilisé par Mahler pour les deux premières exécutions à Budapest et Hambourg en 1889 et 1893. C’est aussi la première fois que le second mouvement initial, intitulé Blumine (« Fleurette » ou quelque chose du genre, le terme est un néologisme légèrement cucul la praline), est supprimé de manière ferme et irrévocable.

Mahler dirige manifestement sa Première symphonie...

Pourquoi ce mouvement Blumine fut-il supprimé ? Peut-être le contraste avec les quatre autres mouvements est-il trop brutal… Blumine est écrit pour trompette solo et un tout petit ensemble ; comparé aux quatre autres, c’est un mouvement très court, quasiment un petit intermède. Sans doute avait-il sa place dans l’œuvre initiale, conçue comme un poème symphonique en deux parties et cinq mouvements très différenciés, chacun comportant un titre. Les titres exacts pour la version de Hambourg, 1893, avec les variantes pour Weimar 1894 sont les suivants :

Le Titan, Poème musical en forme symphonique

■ Première partie : Des jours de jeunesse, morceaux de fleurs, de fruits et d’épines [le terme « Stücke » en allemand comporte la même équivoque que « morceaux » en français]

— Premier mouvement : Le Printemps et nulle fin (Introduction et Allegro comodo). L’Introduction représente le lent éveil de la nature après un long sommeil hivernal

— Deuxième mouvement : Blumine [qui deviendra Chapitre Blumine à Weimar en 1894]

— Troisième mouvement : À pleines voiles

■ Seconde partie : Comedia humana

— Quatrième mouvement : Echoué(s) ! (une marche funèbre à la manière de Jacques Callot) [qui deviendra Le Cortège funèbre du chasseur à Weimar]

— Cinquième mouvement : Dall’ Inferno (Allegro furioso) vient ensuite, déchaînement soudain du désespoir d’un cœur blessé au plus profond [Weimar ne gardera que Dall’Inferno Allegro furioso]

Tout un programme… Qui disparut entièrement lors de la première berlinoise de 1896, Mahler préférant ne pas troubler l’auditoire avec ces indications programmatiques et berlioziennes : ce serait donc la Première symphonie, en quatre mouvements équilibrés, un point, c’est tout. Voici pour la première fois au Philharmonique de Berlin la Symphonie sous son format primitif en cinq mouvements — même si les quatre autres sont donnés selon l’ultime réécriture de 1906 qui, elle, n’existait pas encore de l’époque de Blumine. Embrouillé, tout ça.

Gottfried von Einem

En première partie de programme, le trop rare Concerto pour violoncelle de Schumann, sous les doigts de Johannes Moser, un habitué de l’avant-scène avec des plus grands orchestres au monde, de New York à Berlin en passant par… partout.

Zubin Mehta lance le concert avec Orchestermusik, op. 9 de Gottfried von Einem, une œuvre de 1948, créée par le Philharmonique de Vienne avec Böhm la même année ; première à l’Orchestre Philharmonique de Berlin le 23 mars 1956 sous la direction de Otto Matzerath.

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