49 ans et 9 mois ! Vladimir Cosma aura donc attendu, ou dû attendre près de 50 ans pour fouler à nouveau le sol de sa terre natale.

Vladimir Cosma, célèbre compositeur d'innombrables musiques de films qui ont fait le tour du monde (La Boum, Le Grand blond, Rabbi Jacob...) mais aussi d'un opéra (Marius et Fanny, d'après Pagnol, créé à Marseille en 2008) et d'œuvres symphoniques et chorales (sa cantate 1209 créée récemment), séjournait cette semaine à Bucarest. Il y préparait les programmes des concerts qu'il donnera ce soir jeudi et demain vendredi à la tête de la Philharmonie George Enesco, le meilleur orchestre roumain, dans la salle splendide et historique de l'Athénée Roumain.

Vladimir Cosma avait du fuir la Roumanie à l'âge de 22 ans, chassé du Conservatoire, il y revient pour hommages et honneurs dans une ville profondément changée par l'ère Ceausescu et ses destructions, et depuis vingt ans par les transformations qui affectent toutes les grandes villes et les banalisent désormais.

Pourtant, au détour d'une rue, Cosma a retrouvé le chemin de ses souvenirs chers : ici la maison dans laquelle il a passé son enfance, miraculeusement non détruite, alors que le restant de la rue au-delà l'a été, la maison de sa grand'mère...

Au Conservatoire, il recevait mercredi le titre de Docteur Honoris Causa, dont Yehudi Menuhin, Alfred Brendel, Daniel Barenboim ont été avant lui décorés.

L'Athénée roumain

Le programme des deux concerts à l'Atheneum, où les places se sont arrachées en quelques heures, proposera un panorama complet de l'œuvre de Cosma. Le compositeur a traduit en suites symphoniques particulièrement exigeantes pour les instrumentistes la plupart de ses «tubes». La Suite de Rabbi Jacob devient ainsi une sorte de redoutable concerto pour orchestre, qui met percussionnistes et cuivres à rude épreuve. Trois extraits de sa Cantate sont également au programme, ainsi que le Concerto de Berlin, issu de la musique réalisée pour le film de Claude Pinoteau La Septième cible, avec Lino Ventura.

Philharmonie George Enesco

Le père de Vladimir Cosma, Teodor, récemment disparu, était un musicien et compositeur de jazz, et fut longtemps, avant l'exil, chef d'orchestre à la radio de Bucarest. Tout au long de sa carrière, Vladimir Cosma a collaboré quant à lui avec des jazzmen de premier rang parmi lesquels Chet Baker, Aldo Romano ou Philip Catherine qui est du voyage à Bucarest, lui aussi ! Les autres solistes du concert sont la cantatrice Irina Iordachescu, la jeune violoniste française Fiona Monbet, le violoniste Gabriel Croitoru pour le Concerto de Berlin et l'étonnant cymbaliste Marius Preda !