Les 28 et 29 janvier, Daniel Barenboim se produira à la Salle Pleyel au piano et à la tête de l’Orchestra Filarmonica della Scala autour d’une thématique espagnole.

Au piano et à la direction de l’Orchestra Filarmonica della Scala, Daniel Barenboim se produira à Paris, à la Salle Pleyel, pour deux concerts, samedi 28 janvier à 20h et dimanche 29 janvier à 16h. Au programme de la soirée de samedi, des œuvres signées Falla (Nuits dans les jardins d'Espagne) et Ravel (Rapsodie espagnole pour orchestre, Alborada del gracioso, Pavane pour une infante défunte et Boléro). Le lendemain, le programme réunira des pièces signées Rossini (Ouverture de Semiramide), Mozart (Concerto pour piano n°26 "Couronnement"), Verdi (Quatuor à cordes - version pour orchestre à cordes) et Debussy (La Mer).

Depuis bien longtemps, l’Espagne enflamme l’imagination des compositeurs. La terre du sud, c’est l’opium de leur plume, le prétexte à l’épanchement sensuel. Manuel de Falla voulait gommer l’exotisme des banderilles par le classicisme de l’habit de lumière. Il échoua – heureusement ! – avec ses Nuits dans les jardins d’Espagne où piano et orchestre rêvent un décor luxuriant et poétique. Pour Ravel, basque de naissance allaité aux zarzuelas, les Pyrénées n’existaient pas. La péninsule affleure dans toute son œuvre : imaginaire et nocturne dans la Rapsodie Espagnole, elle se fera grivoise et truculente dans le Boléro, opulent clin d’œil à une sensualité débridée. Et ses sonorités grincent à loisir dans l’Alborada del gracioso, « Aubade du bouffon » où les bariolages guitaristiques évoquent une fiévreuse Andalousie. Au contraire, la Pavane pour une infante défunte se montre attachante par son élégante simplicité et ses couleurs feutrées.

Mozart, lui, irradie d’une malice volubile son Concerto pour piano n°26. Il fut joué par le compositeur à Francfort pour les fêtes du sacre de Leopold II, ce qui lui valut le titre de Concerto du Couronnement, lequel n’est évidemment pas de l’auteur et n’a aucun rapport avec le caractère de l’œuvre, qui séduit toujours par son ardeur juvénile. S’il faut se méfier des titres et de la tentation illustrative, La Mer en témoigne : Debussy cherche l’abstraction dans la moindre vague de ces Trois esquisses symphoniques. Ni orages ni tempêtes mais d’incessantes variations de textures, couleurs, lumières, jeux d’écriture marqués par l’audace et la radicalité. La même perfection de facture porte le Quatuor de Verdi orchestré par le chef Arturo Toscanini : le monde lyrique ne s’y laisse guère deviner, effacé par les splendeurs du contrepoint et la finesse des dialogues entre pupitres.

Daniel Barenboim est né le 15 novembre 1942 à Buenos Aires de parents juifs d’origine russe. Sa mère fut son premier professeur de piano à l’âge de 5 ans, puis son père est resté son unique professeur. C’est en août 1950, à peine âgé de 7 ans qu’il donna son premier récital à Buenos Aires. Deux ans plus tard, la famille Barenboim quitte l’Argentine pour l’Israël…

Durant l’été 1954, les parents amènent leur fils Daniel à Salzbourg pour fréquenter les masterclasses de direction d’orchestre d’Igor Markevitch. C’est au cours de ce même été qu’il rencontre Wilhelm Furtwängler pour qui il joue. Le légendaire maestro écrit alors ces mots : « A onze ans, Barenboim est déjà un phénomène ». A Paris en 1955, Daniel Barenboim étudie avec Nadia Boulanger l’harmonie et la composition.

1952 marque ses débuts de pianiste à Vienne et à Rome et 1955 à Paris, suivis par ceux de Londres (1956) et New York en 1957 avec Leopold Stokowski. A partir de ce moment, il joue régulièrement en Europe, aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Australie et en Extrême Orient.

L’année 1964 marque le début de ses premiers enregistrements dans un répertoire réunissant les plus grandes œuvres pour piano, avec notamment des cycles complets de sonates de Beethoven et Mozart, et des concertos pour piano de Mozart, qu’il interprète tant comme chef que comme soliste, mais aussi les concertos de Beethoven avec Otto Klemperer, ou comme chef avec Arthur Rubinstein en soliste, ceux de Brahms avec Sir John Barbirolli et de Bartók avec Pierre Boulez.

À partir de 1964, Daniel Barenboim se consacre davantage à la direction d’orchestre. Son étroite collaboration avec l’English Chamber Orchestra commence en 1965 et durera plus de dix ans. Pendant cette fructueuse période, ils jouent ensemble d’innombrables concerts en Angleterre, dans toute l’Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Après ses débuts à Londres en 1967, avec le Philharmonia Orchestra, les plus grands orchestres européens et américains le sollicitent. Entre 1975 et 1989, Barenboim devient le directeur musical de l’Orchestre de Paris, où sont jouées notamment des commandes et des créations d’œuvres contemporaines, avec des exécutions d’œuvres de Lutoslawski, Berio, Boulez, Henze, Dutilleux, Takemitsu…

L’année 1973 a marqué les débuts de Daniel Barenboim comme chef à l’opéra avec une représentation du Don Giovanni de Mozart au Festival d’Edimbourg. Ses débuts au Festival de Bayreuth datent de 1981 : il en sera alors le chef invité pendant 18 ans, donnant des représentations de Tristan et Isolde, L’Anneau du Nibelung, Parsifal et Les Maîtres chanteurs de Nuremberg.

En 1991, il succède à Sir Georg Solti comme directeur musical du Chicago Symphony Orchestra et, en 1992, devient directeur musical général et directeur artistique du Deutsche Staatsoper de Berlin, qui l’a élu « chef à vie » !

En 1999, Barenboim et Edward Saïd, professeur de littérature comparée, créent les résidences du West-Eastern Divan, qui rassemblent chaque année de jeunes musiciens d’Israël et du Moyen Orient pour travailler et jouer ensemble, et ne former qu’un seul orchestre. Cette résidence ne prétend endosser aucun positionnement politique. Il s’agit plutôt de montrer, à travers l’exemple de la pratique commune de la musique, qu’un dialogue reste possible entre les cultures. En octobre 2002, il reçoit avec Saïd le prestigieux Prince Asturias Award for Concord, à Oviedo en Espagne, pour saluer leur engagement en faveur de la paix. Saïd qui s’éteindra peu de temps après, le 25 septembre 2003.

Enfin, Daniel Barenboim a publié deux ouvrages : La Musique éveille le temps, publié en France par Fayard, et Parallèles et Paradoxes, explorations musicales et politiques coécrit avec Edward Saïd aux éditions du Serpent à Plumes.

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Le site de l'Orchestra Filarmonica della Scala

Le site de la Salle Pleyel