Fondatrice du label Sugar Hill Records et sorte de marraine du rap, la productrice et chanteuse qui lança Sugarhill Gang, s’est éteinte à l’âge de 75 ans.

Sylvia Robinson est décédée le 29 septembre à Edison dans le New jersey. Chanteuse mais surtout productrice et instigatrice du groupe de rap Sugarhill Gang, elle était âgée de 75 ans.

A ses débuts, Sylvia Robinson fit carrière comme chanteuse de rhythm’n’blues. Mais c’est en fondant le mythique label Sugar Hill Records durant les années 70 avec son mari Joe Robinson qu’elle entre dans la légende et propulse surtout le rap sur le devant de la scène.

Née Sylvia Vanterpool le 6 mars 1936, à New York, Sylvia Robinson enregistre son premier disque à 14 ans sur Columbia Records aux côtés du trompettiste de jazz Hot Lips Page. Elle signera par la suite quelques disques de blues mais se fait vraiment connaître au sein du duo Mickey & Sylvia qu’elle forme avec Mickey Barker, rencontré en 1956, grâce notamment au single Love Is Strange qui s’installera à la première place des charts R&B en 1957. En 1962, le tandem se sépare lorsque Barker s’envole pour Paris. Deux ans plus tard, Sylvia Robinson rencontre celui qui deviendra son mari, Joseph Robinson, un musicien basé à Englewood où le couple installe un studio d’enregistrement, Soul Sound, et un label, All Platinum.

A la fin des années 60, Sylvia Robinson a ainsi la particularité d’être l’une des rares femmes à produire des disques. Elle jouera un rôle important dans la carrière des Moments, produisant leur tube de 1970 Love On A Two-Way Street. En 1973, en solo sous le simple sobriquet de Sylvia, elle décroche un petit hit avec le torride Pillow Talk

1979, l’année où tout basculera… Durant cette décennie, un art naissant, essentiellement dans les soirées et les clubs newyorkais, ne trouve aucun relai sur disque. Le rap résonne au pied des immeubles, dans les clubs branchés de la Grosse Pomme, et Sylvia Robinson s’apprête à lui offrir cette passerelle. En publiant le mythique single Rapper’s Delight du groupe Sugarhill Gang, elle devient une sorte de marraine du hip hop. A l’époque, les labels du couple Robinson sont au plus mal, enchainant procès sur procès. La productrice a l’idée d’enregistrer Lovebug Starski qu’elle entend rapper un soir par dessus des titres de disco au club Harlem World. Elle est hypnotisé par le pouvoir du DJ communiquant avec le public de la discothèque et veut capter cette magie sur disque.

Elle recrute trois jeunes rappers d’Englewood, Big Bank Hank, Wonder Mike et Master Gee, et les convainc d’improviser des rimes sur la rythmique de Good Time de Chic. Elle baptise le trio Sugar Hill Gang et lance le label du (presque) même nom Sugarhill Records : Rappers’ Delight se vendra à plus de huit millions d’exemplaires !

Sur sa lancée, Sylvia Robinson signe une autre formation pionnière du hip hop : Grandmaster Flash & The Furious Five. En 1982, c’est elle qui produit leur chef d’œuvre The Message, un des plus grands titres de l’histoire du rap. Avec cette chanson, le hip hop entre pour la première fois de pleins pieds dans le social, se faisant le relai de la vie dans les ghettos des grandes cités américaines.

Le label signera d’autres grands nom de ce hip hop naissant, aujourd’hui baptisé old school : Funky Four Plus One, Crash Crew, Treacherous Three, Spoonie Gee, Melle Mel, Busy Bee & The West Street Mob, etc.

Durant les années 80, le couple Robinson rachètera le célèbre catalogue du label Chess avant de le revendre à MCA Records. A la fin de cette même décennie, Sylvia Robinsonse sépare de Joe, qui décèdera en novembre 2000. En 1987, elle fonde un nouveau label, Bon Ami Records, découvreur d’un jeune groupe baptisé The New Style plus connu par la suite sous le nom de Naughty By Nature…

Sylvia en personne chantant son très hot Pillow Talk :

Pillow Talk

DUBoomerang

Sugarhill Gang dans Rapper’s Delight :

Grandmaster Flash & The Furious Five dans The Message :