Rencontre avec un musicien doué dont le troisième album, "Nova Cardinale", accentue un peu plus l'originalité musicale et formelle. Passionnant.

Superpoze | Qobuz Interview (with English subtitles)

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Dès ses premiers singles en 2012 puis son brillant premier album, Opening en 2015, on a vite compris que Gabriel Legeleux alias Superpoze n’était pas un énième bidouilleur gaulois électro doué comme les autres… Appréhension des rythmes, nuances de ses nappes sonores, enchevêtrements de textures et beauté des mélodies, le Caennais alors âgé de seulement 23 ans avait déjà ce que certains mettaient des années à effleurer du bout des doigts : un style. Style qui deux ans plus tard, avec For We The Living, affinait ses contours et proposait des cambrures encore plus hypnotisantes. Parallèlement, Superpoze a copieusement pigé pour des musiciens venus du rap (Nekfeu, Lomepal, Gringe), du classique (Sabine Devieilhe) et de la chanson (Raphael, Eddy de Pretto, Alex Beaupain), sans oublier pour des réalisateurs (David Oelhoffen pour Frères ennemis, Rodolphe Lauga pour La Source). Des collaborations qui influencent ou plutôt nourrissent ses travaux persos.

Tout ça pour arriver à Nova Cardinale, de prime abord sa pièce la plus déroutante. Ciao les traces de future beats et les nappes climatiques, place au lyrique et à l’organique. Ciao surtout le boulot en solo car ce troisième album, Superpoze l’a conçu en s’entourant de nombreux musiciens. Piano, violoncelle, orgue, glockenspiel, viole de gambe, synthé, guitare, batterie, xylophone, flûtes anciennes, vibraphone, boites à rythmes, etc., la farandole instrumentale est assez impressionnante et semble avoir été convoquée pour tendre des ponts entre les siècles et les sons. Mais si ce disque sonne comme une œuvre de 2022, il n’utilise aucun des codes de son époque. Chaque thème s’étire. Prend son temps. Joue avec les silences et les espaces. Le minimalisme de Philip Glass comme la musique de la Renaissance ou celle de Nick Cave et Warren Ellis nourrissent cette symphonie fascinante qui fait de grandes choses par petites touches.

On n’écoute pas Nova Cardinale en fond sonore ou en passant l’aspirateur. On aura du mal à le promener sur un quelconque dancefloor aussi. Au même titre que l’album ne surfe aucunement sur la vague néo-classique actuelle car ce qu’il offre est plus complexe et surtout plus osé. Un vrai choc esthétique sur lequel revient Superpoze le temps d'une interview réalisée dans son studio parisien.

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