Le grand compositeur et chanteur soul américain s’est éteint à l’âge de 70 ans.

Bobby Womack s’est éteint le 27 juin 2014. De ce côté-ci de l’Atlantique, il n’était pas le plus médiatisé des chanteurs de soul music et pourtant Womack ne cessera d’apporter sa pierre à l’édifice, comme auteur, compositeur et interprète. Cet ancien guitariste de Sam Cooke signa de nombreuses chansons parmi lesquelles le premier n°1 des Rolling Stones It's All Over Now mais aussi Lookin' For a Love, That's The Way I Feel About Cha, Woman's Gotta Have It, Harry Hippie ou bien encore la musique du film de 1972 Across 110th Street qui retrouvera une seconde jeunesse en 1997 lorsque Quentin Tarantino l’utilisera pour le générique de son film Jackie Brown

Né le 4 mars 1944 à Cleveland dans l’Ohio, Bobby Womack grandit dans la musique, la mère jouant de l’orgue à l’église, le père étant guitariste. Avec ses frères aînés, il forme les Womack Brothers, groupe de gospel accompagné par les parents. Et lorsqu’en 1954, Curtis Womack & The Womack Brothers – leur nom de scène – publient leur premier single Buffalo Bill, Bobby n’a que dix ans. Si Curtis est le chanteur principal, Bobby prend parfois le lead de sa voix de baryton, imitant même le prêcheur, ce qui deviendra son surnom plus tard…

En 1956, alors qu’il est encore dans les Soul Stirrers, le grand Sam Cooke découvre les frères Womack et en fait ses protégés. En quatre ans, la star a fondé son label SAR et signe le quintet du clan Womack en le rebaptisant les Valentinos. Cooke lui-même produit et arrange leur premier single, Looking For A Love, version pop du gospel Couldn't Hear Nobody Pray. La chanson est un succès et permet aux Valentinos de décrocher des premières parties pour James Brown. En 1964, It's All Over Now, co-composé par Bobby, est un nouveau hit qui commence à grimper dans les charts alors que, de l’autre côté de l’Atlantique, les Rolling Stones décident de le reprendre. Malheureusement, l’assassinat de Sam Cooke en décembre 1964 pousse le groupe à se dissoudre…

La fin des années 60 marque un changement de cap pour Bobby Womack. Musicien talentueux, il est embauché dans les American Studios de Chips Moman à Memphis et se retrouvent dans de nombreuses sessions, notamment pour Joe Tex et les Box Tops d’Alex Chilton. Il joue également de la guitare sur de nombreux albums d’Aretha Franklin, entre autre sur son chef d’œuvre Lady Soul (mais pas sur le tube Chain Of Fools). Womack est aussi un songwriter doué et son talent est vite remarqué, par Wilson Pickett notamment, qui reprend I'm A Midnight Mover et I'm In Love. En 1968, Womack signe un contrat avec Minit Records et enregistre enfin son premier opus solo, Fly Me To The Moon, dont le premier tube sera sa reprise du California Dreamin’ des Mamas & The Papas.

Un an plus tard, il travaille avec Gábor Szabó sur l’album duquel, High Contrast, il placera sa composition Breezin’ qui deviendra plus tard l’un des plus gros hits du guitariste George Benson. A cette époque, Bobby Womack côtoie également Janis Joplin et Sly Stone : sa voix et sa guitare se retrouvent sur There's a Riot Goin' On et sa ballade Trust Me est au cœur de Pearl. D’autres albums solo suivent mais c’est avec Communication, que Bobby Womack enregistre pour le label United Artists en 1972, que le succès vient enfin frapper à sa porte. Il décroche son premier titre placé dans le Top 40 avec That's The Way I Feel About Cha. Avec l’album Understanding puis grâce à la bande originale du film Across 110th Street réalisé par l’obscure Barry Shear, il enchaine les hits durant l’année 1972. Un an plus tard, Facts Of Life est un nouveau succès. United Artists sort d’autres disques en 1975 en 1976 mais les ventes commencent à fléchir sérieusement…

En 1975, Bobby Womack participe au deuxième album solo de Ron Wood des Rolling Stones, Now Look. Il enchaine quelques piges, notamment pour Wilton Felder des Crusaders. Durant les années 80, il signe sur Beverly Glen Records (l’album The Poet qui parait en 1981 sera l’un de ses plus gros succès avec notamment une première place dans les charts R&B de l’époque). Mais à partir de 1985, sa consommation de drogue l’éloigne progressivement des radars. Le bien nommé Resurrection marque son retour en 1994. Quelques collaborations suivent (Todd Rundgren, Red Hot + Rhapsody, etc.) mais rien de notables. En 2010, Bobby Womack contribue aux paroles et chante sur Stylo aux côtés du rappeur Mos Def, premier single extrait du troisième album de Gorillaz, Plastic Beach. Une collaboration qui le mène à la signature d’un contrat avec le label londonien XL Recordings pour le compte duquel il enregistre le très beau The Bravest Man In The Universe produit par Damon Albarn et, le boss du label, Richard Russell.

Bobby Womack - The Making Of The Bravest Man In The Universe

XL Recordings

Bobby womack 1973 across 110th street soul train

soul music 99

Bobby Womack - I Wish He Didn't Trust Me So Much

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