Avec "Papier ciseau", le pianiste génial et fou plastique le jazz comme jamais, épaulé par Émile Parisien, Valentin Ceccaldi et Michele Rabbia...

Il n’est pas le seul à empêcher le jazz de tourner en rond, mais Roberto Negro a une technique bien à lui pour escalader ce genre musical qu’on pourrait croire trop codé. Un son. Une voix. Bref, un style… Au début, on croit ses moyens réduits. Sa boite à outils presque vide. Et soudainement, la féérie opère. Impossible de ne pas tomber amoureux de son Papier ciseau paru il y a quelques jours et qui ressemble à la BO d’un rêve. D’un cauchemar aussi. Celle d’un monde à tiroirs (l’enfance, la littérature, le cinéma, le fantastique, la ville, l’espace…) où tout est possible. Mais vraiment tout.

Un univers dirigé par les rapports de forces, concept qui le fascine depuis toujours, et qui sert de carburant à cette musique protéiforme qu’il interprète avec le saxophoniste Émile Parisien, le bassiste Valentin Ceccaldi et le batteur Michele Rabbia. Trois sidemen, complices et amis plus que parfaits qui adhèrent à son besoin récurant de sauter dans le vide. Le titre ludique de l’album faisant référence au pierre-papier-ciseaux tant pratiqué dans les cours de récré est le point de départ d’une déambulation qui doit aussi bien à la musique de Gabriel Fauré qu’au Special Edition de Jack DeJohnette, à Nino Rota, John Zorn, Chilly Gonzales ou Lennie Tristano, son idole.

ROBERTO NEGRO - PAPIER CISEAU - "Lime"

Roberto Negro

Plus compositeur et improvisateur que jazzman, Roberto Negro zappe les paysages et fait s’enchaîner une séquence chambriste et un jingle électro. Oui l’électronique vient parfois barioler cette symphonie folle. Oppressante sur Toot, ludique et humoristique sur Apotheke, elle n’est pas un fil conducteur mais une couleur supplémentaire dans la palette XXL dadaïste du pianiste né à Turin, ayant grandi à Kinshasa, étudié à Chambéry et installé à Paris.

Tel un Martial Solal sous acide, Roberto Negro signe avec Piano ciseau son disque le plus ambitieux. Un album ovni qui prend de l’ampleur au fil des écoutes. Fascinant.

ROBERTO NEGRO - PAPIER CISEAU - "Missa"

Roberto Negro