Diana Damrau, Jonas Kaufmann et le pianiste Helmut Deutsch s'attaquent à l'Italienisches Liederbuch...

Tour à tout exalté ou profondément dépressif comme tous les êtres bipolaires, Hugo Wolf a donné de grands et précieux chefs-d’œuvre au domaine du lied avec ses grands cycles, notamment cet Italienisches Liederbuch, à deux voix, qui représente la quintessence de son art et qui vient de paraître chez Erato avec Diana Damrau, Jonas Kaufmann et le pianiste Helmut Deutsch. 46 lieder qui parlent d’amour avec les sensibilités croisées d’un homme et d’une femme, au cours de dialogues entre amoureux sur un ton ironique et galant ou bien passionné.

Composés sur des textes de Paul Heyse inspirés de poèmes anonymes toscans, on y trouve des ballades et, surtout, des rispetti (compliments), petits couplets de huit vers d’un caractère populaire. La traduction en allemand défigure singulièrement la légèreté italienne originale, d’autant qu’Hugo Wolf ne cherche pas à « faire italien » dans ses compositions. « Un cœur chaud je vous l’assure, bat dans les petites poitrines de mes plus jeunes enfants méridionaux qui, en dépit de tout, ne peuvent nier leur origine allemande. Oui, leurs cœurs battent en allemand, même si le soleil brille en italien », avoue-t-il à un ami. Cette collection italienne est constituée, comme l’écrit Stéphane Goldet, de « petites comédies de l’amour, moments d’impatience ou de dépit ; souhaits et mises en garde, plaintes et récriminations, revendications ou redditions sans conditions ».

Capté en concert à la Philharmonie de Hesse le 18 février 2018, ce nouvel enregistrement se place sans peine aux côtés des enregistrements mythiques, comme celui de Schwarzkopf et Fischer-Dieskau ; il deviendra sans aucun doute une nouvelle version de référence. S’il était légitime de se faire du souci pour la voix de Jonas Kaufmann, on constate ici qu’elle a repris toute sa force et ses mille et une nuances miraculeuses. Sa partenaire Diana Damrau est radieuse, avec un chant qui épouse les divers états d’âme d’une jeune fille inquiète et parfois rouée. Mais ce dialogue au sommet ne serait rien sans le piano subtil et raffiné d'Helmut Deutsch qui donne à ses miniatures un soutien irrésistible.

Diana Damrau, Jonas Kaufmann & Helmut Deutsch record Wolf: "Italienisches Liederbuch"

Warner Classics

Jonas Kaufmann - "Sterb ich, so hüllt in Blumen meine Glieder"

Warner Classics