Tôt séduit par l'âpreté de la musique de Prokofiev, dont le piano percussif sied à l'adolescent bouillant qu'il est, le maintenant presque trentenaire Florian Noack enregistre le compositeur... mais en puisant à la veine tendrement nostalgique de son catalogue plutôt qu'à ses accès plus violemment romantiques.

Le nouvel album de Florian Noack, Visions fugitives, est entièrement consacré à Prokofiev. Ce deuxième opus pour le label français La Dolce Volta fait suite au magnifique Album d'un voyageur, ballade traversant l'Europe d'ouest en est, de l'Espagne à la Pologne, des rythmes populaires de Paul Ladmirault (Variations sur des airs de biniou) aux Danses de Szymanowski.

Florian Noack revient donc à la musique russe, un tropisme très fort chez lui depuis l'adolescence. Car Prokofiev le hante depuis il a découvert, lors des retransmissions télévisées du Concours Reine Elisabeth en 2003, l’interprétation du Second Concerto de Prokofiev par Severin von Eckardstein (futur Premier Prix), date historique dans l’histoire de ce concours.

Dans les oreilles de ce jeune pianiste, il y a Prokofiev, le Quintette avec piano de Brahms, des voix (celles du ténor Ian Bostridge dans Schubert ou encore de Fats Waller et même Georges Brassens), mais pas seulement. Écoutez plutôt :

J'aime Encore Bien #21 - Florian Noack

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Pour son nouvel enregistrement, où ne figurent que des œuvres originales, Florian Noack a composé un programme Prokofiev alternant relatives raretés (Contes de la vieille grand-mère, Quatre Études, Op. 2) et pages plus célèbres, en l’occurrence deux chefs-d’œuvre absolus du piano. Écrites entre 1915 et 1917, les Visions fugitives forment un catalogue de vingt miniatures inspirées du poète symboliste Constantin Balmont, à l'imaginaire inépuisable. L’interprétation du pianiste belge y est plus tendre, ou rêveuse, que sarcastique (Raekallio, Ondine 1989), inquiète (Gourari, ECM 2014, d’un lyrisme mélancolique poignant) ou piquante (Mustonen, Decca). Il clôt son récital avec la Sixième Sonate, Op. 82, la première des « sonates de guerre », et en donne une version aux contrastes modérés, mais néanmoins ferme.

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