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André Caplet

Depuis l'exposition André Caplet en avril 2000 à la Bibliothèque de France suivie par le livre de référence de Denis Huneau, André Caplet, debussyste indépendant (2007), premier ouvrage d'envergure sur le compositeur, un nouveau regard est porté à cette riche et sobre personnalité comme à l'art original, dépouillé et austère de son oeuvre.



Né le 23 novembre 1878 sur un bateau entre Le Havre et Honfleur, dans une famille pauvre dont il est le septième enfant, le compositeur et chef d'orchestre André Caplet étudie la musique pour en tirer une source de revenus. Il commence sa formation à l'Ecole de musique de sa ville, étudiant à la fois le violon (Premier prix à 9 ans) et le piano (dont il jouera plus tard merveilleusement) avant d'entrer dans la classe de contrepoint et d'harmonie de Henry Woollett. Il vit ses premières expériences de musicien dès l'âge de douze ans en tant que pianiste de répétition aux Folies Bergères du Havre, et à quatorze ans comme violoniste au Grand Théâtre ainsi que dans des cabarets parisiens, activités qui lui permettent en même temps de gagner sa vie. Entré au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1896, il y travaillera la composition avec Charles Lenepveu, et sortira de la classe d'harmonie de Xavier Leroux et d'accompagnement de Paul Vidal avec un premier prix. Puis il est engagé comme timbalier dans l'orchestre d'Edouard Colonne qui en fera son assistant.



C'est à l'occasion d'un remplacement au pied levé de Xavier Leroux pour diriger une musique de scène au Théâtre de la Porte Saint Martin en 1897 que Caplet connaît un premier succès qui l'incitera à poursuivre une carrière de chef d'orchestre. Xavier Leroux et André Messager avaient fourni une importante musique pour une pièce à grand spectacle qui fut mal accueillie. Leroux qui dirigeait l'orchestre refusa d'en assurer les représentations suivantes et demanda à Caplet de le remplacer. Alors que l'orchestre avait montré peu de considération pour le jeune chef avant le spectacle, il change totalement d'opinion sur lui dès l'instant où il le voit prendre sa baguette. Dès lors, la réputation de Caplet commence à se répandre.



Deux ans plus tard, en 1899, il est nommé directeur de la musique à l'Odéon. En 1901, il remporte le Premier Grand Prix de Rome avec sa Cantate Myrrha devant Maurice Ravel. Il restera trois ans à la Villa Médicis où sera jouée sa Marche solennelle le 18 avril 1903, une composition qui lui a été demandée pour fêter le centenaire de la célèbre institution. Après avoir donné sa démission de la Villa Medicis, il part en Allemagne où il suit pendant un an les répétitions de deux grands chefs allemands de l'époque, Arthur Nikisch, chef permanent de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, et Felix Mottl à Dresde. C'est après son retour en France qu'il fait en 1907 la connaissance de Debussy qu'il admire profondément et dont il devient l'ami et proche collaborateur en participant autant à la correction, l'achèvement ou à l'orchestration (sous la supervision du compositeur) de certaines de ses oeuvres (Children's corner, La boîte à joujoux, Ariettes oubliées) qu'à leur diffusion en les dirigeant (création du Martyre de Saint-Sébastien à Paris en mai 1911, qu'il interpréta d'une baguette magistrale). En 1908, Debussy dira de Caplet : « Hier pour la première fois j'ai entendu deux mélodies d'André Caplet. Ce Caplet est un artiste. Il sait retrouver l'atmosphère sonore et, avec une jolie sensibilité, a le sens des proportions ; ce qui est plus rare qu'on ne le croit à notre époque de musique bâclée ou hermétique comme un bouchon ! ». Malgré l'emprise de Debussy, Caplet montrera qu'il possède assez de personnalité pour savoir s'en détacher. Son apparence, dont on rapporte le charme et le magnétisme naturel, est également assez puissante pour ne pas avoir laissé indifférente la célèbre danseuse Isadora Duncan qui, malgré sa répulsion physique envers lui au début de leur rencontre, ne saura pourtant pas lui résister quand Caplet est appelé par Edouard Colonne en 1909 pour lui servir d'accompagnateur pour ses répétitions quotidiennes.



Ses qualités de chef lui vaudront d'être nommé directeur musical de l'Opéra de Boston, point culminant de sa carrière, fonction qu'il assumera de 1910 jusqu'à son engagement volontaire dans la guerre de 1914 qui l'empêchera d'exercer son tout nouveau mandat de directeur musical de l'Opéra de Paris. Lors de chaque saison de l'Opéra de Boston, André Caplet révélera un grand nombre d'oeuvres françaises de Debussy, Ravel, Satie, Milhaud, Aubert et Laparra. En 1912, c'est lui qui est choisi pour diriger la reprise de Pelléas et Mélisande au Covent Garden de Londres.



Au front, Caplet fera la rencontre du violoniste Lucien Durosoir ; tandis qu'il lui donne des cours de composition, Durosoir l'introduit dans l'orchestre qui assure services religieux et militaires et se produit dans les cercles des officiers et du général Mangin qui lui commande la Marche héroïque de la Ve Division. À son retour de la guerre au cours de laquelle il a été blessé et gazé, il épouse Geneviève Perruchon (union heureuse dont naîtra un fils, Pierre). Mais sa santé fragilisée oblige André Caplet à diminuer ses activités à la tête de l'Opéra de Paris et de l'Orchestre Lamoureux. Il ne reprendra la baguette qu'en 1922 pour diriger la création d'ouvrages de Florent Schmitt (dont il est ami), Maurice Delage, Jean Cras et des Cinq pièces op. 16 de Schönberg. On peut compter André Caplet parmi les plus grands chefs français de la première moitié du XXe siècle, avec Roger Desormière, Pierre Monteux et Charles Munch.



En partie occultée par la stature de Claude Debussy, l'oeuvre de Caplet, surtout vocale (c'était un parfait connaisseur de la voix qui le rendait très exigeant avec les chanteurs), n'est pas reconnue à sa juste valeur. À la fois épris de modernité et d'art grégorien (dont il reprend certains procédés : d'une foi inébranlable en Dieu, il fit un pèlerinage à l'Abbaye de Solesmes un an avant sa mort), André Caplet a laissé un catalogue important de mélodies, s'étant particulièrement illustré avec des compositions de premier plan dans le répertoire instrumental (Le Conte fantastique d'Edgar Poe pour harpe et quatuor à cordes) et sacré (Messe à trois voix, l'oratorio Miroir de Jésus considéré comme son chef-d'oeuvre, Septuor pour cordes et 3 voix de femmes). Mais trop de compositions sont restées inachevées, sa santé fragile et sa disparition prématurée à l'âge de 47 ans l'ayant privé de montrer la pleine mesure de son grand talent. En mars 1925, alors qu'il revenait du Havre où il avait dirigé un concert, il prit froid dans le train. Atteint non pas d'un rhume (ce qu'on a cru d'abord) mais d'une pleurésie, il perd la vie à l'issue d'une opération de la dernière chance le 22 avril 1925 à Neuilly.



© Qobuz 01/2013

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