The Duke

Joe Jackson

Paru le 22/06/12 chez earMUSIC
Artistes principaux : Joe Jackson
Genre : Jazz

Disponible en

16-Bit/44.1 kHz Stereo

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Reconnaissons à Joe Jackson une hardiesse proche de l’inconscience de s’attaquer, si l’on peut dire, à l’un des absolus monuments du jazz, et à une œuvre révérée à peu près partout dans le monde. Et comme tout le monde a un jour dans cette vallée de larmes interprété Duke Ellington, il fallait bien que l’entreprise ait quelque chose de novateur, afin d’attirer l’oreille de l’auditeur lamba.

Ainsi, après s’être répandu à longueur de livret sur les différentes péripéties de la carrière et de l’existence du Duke, l’ex-punk britannique a sifflé la fin de la récréation, et a fait appel – enfin, son label – à une noria de célébrités propre à attirer le chaland. Ainsi, le guitariste Steve Vai (pour une fois retenu et impressionniste dans « Isfahan »), Iggy Pop, d’une discrétion confinant à la pure et simple désintégration dans « It Don’t Mean A Thing (If It Ain’t Got That Swing) », ou Sharon Jones - elle au moins ne peut être effarouchée par ce projet de relecture – ont répondu favorablement à la sollicitation.

Quant à Ahmir Ouestlove Thompson, il figure à plusieurs reprises au générique, en particulier pour un trépidant « Rockin’ In Rhythm’ » capté en direct de la jungle synthétique des studios. Mais, au-delà de ce gratin de célébrités (on a omis de citer Christian McBride), c’est l’approche qu’a Jackson des partitions qui retiendra l’attention. Les thèmes répondent les uns autres, « Caravan » venant imbriquer son dodelinement dans la pièce d’ouverture, différents medleys (dont celui appariant « I’m Beginning To See The Light » et « Take The ‘A’ Train ») brouillant les pistes harmoniques avec jubilation. Par ailleurs, considérer « Perdido » comme l’avant-garde du drum ‘n’ bass relève naturellement du plus pur exercice de style, mais reconnaissons que l’aventure a été menée avec goût et discernement.

Á la tête d’une brigade internationale de talents manifestement aguerris, Joe Jackson ne tente pas de s’approprier la grâce initiale des mélodies (allant, choix caractéristique, jusqu’à une version de « Mood Indigo » futée, certes, mais aux antipodes de la délicatesse et de la sensualité de l’enregistrement original), mais prouve sa virtuosité à jeter des ponts entre les genres, les rythmes et les époques. Rien que pour cette raison, cet album mérite amplement qu’on lui prête une oreille recueillie.

©Copyright Music Story 2015

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