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Mark Murphy

Hurler qu'il était de la trempe de Sinatra mérite la lapidation directe? Crier qu'avec lui on était dans la même division que Jon Hendricks et c'est le bûcher garanti? La seule chose de sûre c'est qu'à sa mort, le 22 octobre 2015, Mark Murphy demeurait scandaleusement confidentiel en France. Pourtant, en leur temps, Betty Carter, Peggy Lee, Shirley Horn et même l'immense Ella Fitzgerald louèrent l'organe clair de ce chanteur de jazz d'un raffinement hors norme. "Il est mon égal" ira même jusqu'à oser Ella…


Noir, borgne et juif, Sammy Davis Jr. avait au moins le mérite d'avoir de l'ouïe… Celle qui détecta le jeune Murphy un soir de 1953 dans un club enfumée de Syracuse dans l'Etat de New York. Le Black du Rat Pack lancera la carrière de ce chanteur atypique au sens rythmique inné. D'entrée, c'est ce vrai faux classicisme qui impose sa personnalité vocale. Celle-ci prendra une ampleur et une respectabilité d'envergure en 1961 pour le mythique album Rah sur le label Riverside. Un opus mis en boite avec des pointures nommés Bill Evans, Clark Terry, Urbie Green, Blue Mitchell et Wynton Kelly.


Mark Murphy n'était pas un ovni pour la jazzosphère. Il fut l'un de ses acteurs à part entière. Qu'il consacre un disque au répertoire de Nat King Cole ou du compositeur brésilien Ivan Lins, ou bien encore qu'il mette en musique la prose de Jack Kerouac, Murphy reste les deux pieds profondément enracinés dans une tradition jazz digne d'un Mel Tormé.
Le phrasé est limpide. Le swing, clair et efficace. La diction, parfaite. Entre ses lèvres, chaque mot est musique. Chaque syllabe est un chorus. Et la sensualité se love dans le moindre recoin d'un univers musical intemporel. Et juste beau. Pour en imposer autant, Mark Murphy eut sans doute la chance de naître dans les années 30, de n'être que l'un des rares de sa génération à s'essayer à l'art vocal. Depuis, son style a fait école et un Kurt Elling n'hésite pas à faire de Murphy l'une de ses références de chevet… Il fera même l'objet d'un culte au cours des années 90 lorsque le trio d'acid-jazz franco-japonais United Future Organisation l'enrôla le temps d'un album…


Jusqu'à la fin de sa vie, la voix restera intacte. Burinée et nervurée certes en fin de parcours, mais intacte. Bien qu’il jouissait d’un immense statut aux Etats-Unis, chez nous, hors un cercle de spécialistes lui vouant un culte mérité, Mark Murphy n’a jamais été considéré que comme un chanteur attachant. Les notes de pochette d’un album de 1967, l’excellent Midnight Mood, pointaient déjà cette injustice, l’engouement de Betty Carter ou Shirley Horn n’ayant finalement pas suffit, pas plus que celui d’une Ella Fitzgerald l’intronisant pourtant comme son égal. Mais l’intéressé n’a jamais songé à s’en plaindre. Comme chez ceux qui l’ont influencé (Nat King Cole, Eddie Jefferson, etc.), son sens aigu de la scansion était doublé d’un feeling remarquable. © MZ

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